Depuis plusieurs années, le nombre de détenus dans les prisons françaises est nettement supérieur au nombre de places disponibles. C’est ce qu’on appelle la surpopulation carcérale. Un sujet sur lequel la France occuperait la première place parmi les pays européens, selon le député Aly Diouara (LFI).

« La France détient le triste record de la surpopulation carcérale en Europe », peut-on ainsi lire dans un message posté sur X, ce lundi 24 novembre, par l’élu de Seine-Saint-Denis. Lui qui pointe régulièrement du doigt les conditions de détention dans les prisons françaises.

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Il poursuit : « Parler de réinsertion » – l’une des solutions qu’il envisage pour améliorer le système carcéral français – « c’est défendre l’État de droit ». Toutefois, aucun chiffre ni aucune source ne sont donnés, pour étayer son affirmation. Pour vérifier si « la France détient le triste record de la surpopulation carcérale en Europe », une petite recherche de données sur le sujet s’impose donc.

FAKE OFF

Le 31 octobre dernier, comme chaque dernier jour du mois, le ministère de la Justice a publié des statistiques sur « la population détenue et écrouée ». Selon ces données, il y avait, au 1er octobre 2025, 84.862 détenus dans les prisons françaises, pour 62.501 places disponibles. Soit une densité carcérale de 135,8 %. Un pourcentage à retenir pour la suite de notre article.

Passons aux statistiques des autres pays en Europe. Les données les plus récentes proviennent du rapport 2024 du Conseil de l’Europe, publié en juillet dernier, sur les statistiques pénales dans les pays européens (le SPACE). Selon cette étude – données arrêtées au 31 janvier 2024 – la Slovénie et Chypre étaient les plus mauvais élèves européens en matière de surpopulation carcérale. A cette date du 31 janvier 2024, la densité carcérale en Slovénie était de 134 %, et de 132 % en Chypre. Avec une densité carcérale de 124 %, la France complétait le podium.

La densité carcérale dans les prisons françaises au 1er octobre 2025 (135 %) est donc bien plus élevée que ces données, qui datent pour rappel du 31 janvier 2024. Mais cela ne constitue pas un « record ». Selon le rapport SPACE 2023 du Conseil de l’Europe (page 74), la densité carcérale dans les prisons chypriotes était, au 31 janvier 2023, de 165 %.

Une capacité opérationnelle de 620 places

Derrière ce « record » détenu par Chypre, il y a d’autres chiffres, présents dans les rapports SPACE, à prendre en considération. Dans ce pays, au 1er janvier 2023, il y avait 1.026 détenus dans les prisons françaises, pour 620 places opérationnelles. A la même date, seuls l’Islande (181 places), le Liechtenstein (20), Andorre (148), Monaco (98), et Saint-Marin (12) avaient moins de places opérationnelles dans leurs prisons.

Un an plus tard, le 31 janvier 2024, le nombre de places en prison, à Chypre, a légèrement augmenté, tandis que le nombre de détenus a diminué. Il y avait, à cette date-là, 754 places opérationnelles pour 997 détenus. Une tendance qui ne s’observe pas en France.

Notre rubrique Justice

Sur la même période, du 31 janvier 2023 au 31 janvier 2024, le nombre de places en prison et le nombre de détenus ont tous deux augmenté, mais à des niveaux bien différents. Alors que nombre de places dans les prisons françaises est passé de 60.662 à 61.737 (+ 1.075), le nombre de détenus est lui passé de 72.294 à 76.275 (+ 3.981).