Le Nigeria vient de dévoiler une nouvelle stratégie nationale pour se conformer aux nouvelles exigences européennes de lutte contre la déforestation. Dénommée « White Paper on Strategy for EUDR Compliance in Nigeria », ce document officiel a été présenté lors d’une cérémonie, à Abuja, la capitale, ce jeudi 27 novembre.
Concrètement, ce document permet au ministère de l’Agriculture de poser un cadre de traçabilité, de surveillance des exploitations agricoles et de contrôle des chaînes d’approvisionnement afin de préserver l’accès de ses exportations agricoles à l’Union européenne. D’après le gouvernement, l’objectif est que les produits agricoles destinés à l’exportation soient désormais « traçables jusqu’à la limite exacte de la ferme, produits légalement et vérifiables comme étant exempts de déforestation ».
Un protocole d’entente stratégique
Pour déployer efficacement cette stratégie, les autorités nigérianes ont également annoncé un protocole d’entente (MoU) entre le ministère de l’Agriculture et la National Space Research and Development Agency (NASRDA), l’agence spatiale du pays d’Afrique de l’Ouest. Grâce à cet accord, l’agence spatiale fournira des images satellitaires, un suivi en temps réel des terres agricoles ainsi qu’une expertise technique pour assurer le suivi des productions. De son côté, le ministère coordonnera l’engagement des producteurs, l’intégration des politiques et le déploiement national du dispositif.
D’après le ministre de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Abubakar Kyari, cette démarche est importante pour « protéger [les] agriculteurs, moderniser [les] chaînes de valeur et bâtir un secteur agricole capable de tenir sur la scène mondiale ». Dans un contexte où l’Union européenne impose des normes de durabilité de plus en plus strictes, ce type de réforme s’impose pour les pays exportateurs, sous peine de voir leurs débouchés se restreindre, voire se fermer complètement.
Eviter des pertes potentielles
Cette annonce intervient alors que le règlement EUDR pourrait entrer en vigueur au 30 décembre 2026 pour les grandes et moyennes entreprises, et au 30 juin 2027 pour les micro et petites entreprises, sous réserve de l’adoption définitive du texte. Cette nouvelle réglementation touche de nombreux produits agricoles comme le bois ou encore le café et le cacao. Ces deux derniers produits dont le Nigeria est également producteur et exportateur, représentaient en 2024, 8,3% des exportations de biens du pays vers l’UE.
D’après les autorités nigérianes, le pays pourrait perdre « plus d’un milliard de dollars de recettes d’exportation directes et plus de trois milliards de dollars en valeur économique totale chaque année » s’il ne s’adapte pas aux nouvelles règlementations. Des pertes qui pourraient ajouter des pressions supplémentaires dans un contexte économique tendu et alors que l’Etat continue de faire face à des arbitrages difficiles pour préserver le pouvoir d’achat des populations tout en poursuivant ses projets de développement.
Pour rappel, l’Union européenne demeure le principal partenaire commercial multilatéral du Nigeria, même si cette relation reste largement dominée par les hydrocarbures. Depuis 2021, Abuja affiche un excédent commercial moyen de 6 milliards d’euros dans ses échanges avec le bloc, selon les données de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais, d’après la même source, la valeur des échanges bilatéraux s’est dans le même temps réduite au fil de la période, passant de 41,7 milliards d’euros en 2022 à 27,7 milliards en 2024.