Après avoir longtemps échappé à la vigilance des régulateurs, le géant chinois de la mode en ligne Shein fait désormais l’objet d’une surveillance accrue de la part des autorités européennes, soucieuses de ses pratiques commerciales et environnementales.
Tl;dr
- Shein ciblée pour vente de produits illégaux et dangereux.
- L’UE exige des mesures contre les risques pour les consommateurs.
- Vers un contrôle accru du e-commerce en Europe.
Shein dans la tourmente : le modèle chinois sous la loupe européenne
Depuis l’automne, Shein n’en finit plus d’attirer l’attention des autorités européennes. L’entreprise, fondée en Chine en 2012 et désormais basée à Singapour, se retrouve au cœur d’une tempête réglementaire sur fond de produits jugés dangereux et illégaux. En France, tout a commencé avec l’apparition sur son site de poupées sexuelles à l’apparence d’enfant – une découverte glaçante qui a immédiatement provoqué l’ouverture de plusieurs procédures gouvernementales.
La pression monte sur les plateformes : vers une suspension accélérée ?
Face à ces révélations, la réaction politique ne s’est pas fait attendre. Les eurodéputés réclament désormais que la suspension temporaire des places de marché en ligne puisse devenir une mesure courante dès qu’une plateforme viole gravement le droit européen. Selon eux, il ne s’agit plus de cas isolés mais d’un signe inquiétant d’un système défaillant. Une résolution non contraignante, adoptée mercredi au Parlement européen, appelle ainsi à repenser l’arsenal juridique face aux récidives constatées sur des sites comme Shein.
Une liste d’exigences strictes a alors vu le jour :
- Protection accrue des mineurs, vérification rigoureuse de l’âge des utilisateurs ;
- Suspension plus rapide des plateformes fautives ;
- Mise en conformité immédiate avec le Digital Services Act (DSA).
L’Union européenne active le Digital Services Act
L’affaire s’inscrit parfaitement dans le cadre du nouveau règlement européen. Désignée comme « très grande plateforme », Shein doit depuis avril 2024 se soumettre au DSA, qui impose un contrôle renforcé contre les contenus illégaux ou dangereux. Ce texte ambitionne notamment d’imposer une transparence accrue quant aux mesures prises par les géants du commerce en ligne pour protéger leurs utilisateurs – et Bruxelles vient justement de demander à Shein des informations détaillées sur ses dispositifs internes, notamment autour de la question sensible des mineurs.
Bientôt un durcissement du contrôle du e-commerce ?
La vigilance des autorités françaises ne s’arrête pas là. Après avoir saisi la justice pour obtenir la suspension temporaire du site – audience reportée récemment au 5 décembre – Paris entend étendre sa surveillance à d’autres plateformes telles que AliExpress, Joom, mais aussi signaler eBay, Temu et Wish. Objectif affiché : éradiquer la vente de produits illégaux ou dangereux.
Dans ce climat tendu, une question demeure : l’Europe est-elle enfin prête à serrer la vis aux géants du numérique ? Si « Systémique risque pour les consommateurs » dit Bruxelles, alors le tour de vis législatif semble inévitable – et pourrait bien redessiner le paysage du e-commerce sur le Vieux Continent.