La SNCF a annoncé l’ouverture d’une nouvelle ligne TGV opérée par ses trains Ouigo entre Bordeaux et Lyon. Mais pour relier les deux villes il faudra passer par… Paris. Au grand dam des habitants du centre de la France et du Massif central ou du Limousin.
Relier Lyon à Bordeaux en TGV sans changement, ce sera bientôt possible. La SNCF a annoncé jeudi l’ouverture d’une ligne (ou plutôt d’une « offre commerciale ») entre les deux villes. Un aller-retour par jour, en Ouigo, l’offre low cost de la SNCF, sera assuré d’ici mi 2027. Il faudra compter 5h pour rejoindre les deux villes.
Une bonne nouvelle? Pas pour le Massif central et le Limousin, alors que ce trajet Est/ouest passera par… la région parisienne et la gare de Massy! Un grand détour par l’Ile-de-France qui frustre énormément les usagers et les élus de Clermont, Limoges, Montluçon ou Guéret notamment.
« Il y a un TER mais on va plus vite en voiture »
« On a le sentiment d’être leurs oubliés », peste Stéphanie Picard qui représente une association de voyageurs dans la région, l’association des usagers du Paris-Clermont. Pour elle comme pour les autres, se rendre en train à Bordeaux ou à Lyon est une gageure:
« Pour aller à Lyon il y a un TER mais on met moins de temps en voiture et on ne va pas à Bordeaux en train. Personne n’imagine je ne sais combien d’heures avec pleins de changements, ça n’a pas de sens ».
La future TGV ligne Lyon-Bordeaux en passant par Massy opérée par la SNCF et ses trains OuiGo © RMC StoryLa « colère » des élus face à un « Etat et une SNCF sourds et muets »
La SNCF a en fait privilégié des lignes à grandes vitesses existantes. Impossible de faire rouler un TGV sur les rails trop vétustes du Massif central: « On nous dit que ce serait trop cher mais c’est normal, ça fait des années qu’on n’entretient pas les rails », s’énerve ce vendredi sur RMC Story Marie-Françoise Fournier, maire de Guéret (Creuse).
« Nous sommes très en colère, le centre de la France reste à quai, la diagonale du vide existe. On a une ligne Paris-Orléans-Toulouse qui dysfonctionne, on supprime toutes les petites lignes intérieures, maintenant c’est le Bordeaux-Lyon… ».
D’autant plus que les acteurs locaux se sont démenés pour faire ouvrir une ligne sans les oublier: « On a investi massivement sur le train proposé entre Bordeaux et Lyon par la société Railcoop et qui devait traverser nos territoires. On était 15.000 sociétaires pour soutenir cette initiative, preuve qu’on a envie de se battre pour nos territoires », poursuit l’élue.
« Et face à nous, on a un Etat et une SNCF sourds et muets. Je me demande si on veut la mort de nos territoires ruraux. »
« Attention à ne pas sacrifier ces poumons d’oxygène. On est les oubliés, les sacrifiés, l’égalité entre les territoires et les hommes dans ce pays n’existe plus », se désole Marie-Françoise Fournier.
Le choix d’Apolline : Marie-Françoise Fournier – 28/11Un appel à l’Etat
Un territoire qui reste isolé depuis la suppression, faute de rentabilité, en 2014 de l’Intercités transversal entre Bordeaux et Lyon. « On est la région Nouvelle-Aquitaine et on n’a pas de lignes directes avec Bordeaux », ajoute la maire de Guéret.
Certains maires se battent pour la relancer. Mais cette nouvelle liaison TGV qui contourne la région « condamne encore un peu plus la réouverture du Bordeaux-Lyon en ligne traditionnelle », alerte Frédéric Laporte, le maire de Montluçon. « Quelques personnes faisaient le Bordeaux-Lyon intégralement, cette clientèle fera le trajet par TGV. C’était une ligne qui avait du mal à être rentable et si on enlève 10% de la clientèle, elle l’est encore moins ».
Lui et les autres maires de la région, en appelle donc, sans forcément trop y croire, à l’Etat, pour relancer cette ligne au nom de l’aménagement du territoire.
Martin Bourdin avec Guillaume Dussourt