Posted On 27 avril 2025
Grenoble ? « Un champ de ruines culturel ». Le constat d’Yves Aupetitallot, ancien directeur du Magasin-CNAC, dans les colonnes de Place Gre’net est sans appel. Victime de harcèlement moral, évincé illégalement, il brise le silence.
UNE GESTION D’UNE RARE VIOLENCE…
Yves Aupetitallot n’a pas quitté le Magasin-CNAC de son plein gré. Son éviction en 2015 a été jugée illégale après près de 10 ans de procédure. La justice a retenu qu’il a été victime de harcèlement moral. Il détaille pour Place Gre’net la « pression absolument permanente » subie, et qui s’est poursuivi après son départ avec de très nombreux licenciements, des démissions en série, « un management décrit par certains salariés comme « terrifiant et très violent » » résume le média en ligne.
Le Magasin, quartier Chorier Berriat
… AMPLIFIÉE AVEC L’ARRIVÉE DES VERTS/LFI
« Ça s’est considérablement amplifié au moment où l’équipe municipale a changé. Il y a eu une alliance objective entre la présidence et la Ville » balance Yves Aupetitallot. Il confirme bien qu’il y a alors eu mainmise des Verts/LFI sur la gouvernance du Magasin-CNAC, ce que dénonçait la conseillère d’opposition Brigitte Boer en 2022 en rappelant à la majorité municipale que la situation de l’institution (alors fermée depuis 2 ans après la bérézina qui a touché les équipes) « résulte de vos choix de direction, sectaires et inappropriés ».
LA RÉGRESSION CULTURELLE DE GRENOBLE
Mais le problème va évidemment au-delà du cas du Magasin. « Quand je regarde la presse, si l’on parle de Grenoble, ce n’est pas pour la culture » assène Yves Aupetitallot, après avoir rappelé que la ville dispose pourtant de tous les atouts pour son rayonnement culturel, comme ça a été le cas par le passé : « c’était la ville dont tout le monde parlait ». On peut maintenant retenir que la dernière fois que Grenoble a fait la une nationale pour un sujet lié à la culture, c’est à propos d’une bibliothèque incendiée par les délinquants 3 mois après son inauguration…
LA MAINMISE MUNICIPALE SUR LA CRÉATION
Sous Piolle, tout, y compris la création artistique doit désormais répondre à la commande politique. « Je ne suis pas là pour juger la ligne municipale mais pour l’appliquer (…) Un projet a été voté en conseil municipal et je dois mettre en place des actions devant répondre à cette commande politique » admettait il y a peu Delphine Gouard, la directrice du théâtre municipal (DL du 13/10/24). La culture est utilisée comme relais de propagande des thèses idéologiques rouges/vertes et on voit le résultat : la fréquentation du théâtre a plongé.
Les chiffres de fréquentation du théâtre. Un crash complet depuis l’arrivée des Piollistes.
SUBVENTIONS : L’ARME DU CHANTAGE
Pour « tenir » les acteurs culturels et s’assurer qu’ils correspondent aux désidératas des Verts, c’est une forme de chantage aux subventions que la majorité municipale a mise en place. Elle a ainsi établi une liste de critères pour pouvoir bénéficier du soutien de la ville qui forcent à se plier à son programme politique : engagement pour la transition « écologique », « démocratique », la parité… Tout y passe. Des lourdeurs administratives en plus et un recul sans précédent de la liberté de création qu’avaient tâché d’entretenir tous les prédécesseurs des Piollistes.
La charte culturelle qu’impose la municipalité aux artistes et créateurs qui souhaitent une subvention de la ville.
LA MJC THÉÂTRE PRÉMOL, VICTIME EMBLÉMATIQUE
Cette caporalisation passe aussi par la mise sous tutelle de tout ce qui est jugé trop indépendant vis-à-vis de la municipalité. L’affaire Prémol en est le parfait symbole. Modèle de promotion de la culture au cœur d’un quartier populaire pour un public qui en est le plus éloigné de manière générale, les élus Verts/LFI ont décidé avec une brutalité inouïe d’exclure l’association à l’origine de ce fonctionnement unique en son genre et salué de toute part, pour y installer à la place « Les arts du récit », un centre qui n’a aucun lien avec le quartier. Tout ce qui ne dépend pas de la majorité municipale est perçu comme un danger.
Manifestation des habitants du Village Olympique contre la fin du théâtre Prémol.
DÉCONSTRUIRE… POUR CONSTRUIRE QUOI ?
Et cette idéologie municipale ne se contente pas d’exclure, elle gomme. « Si vous allez sur le site du Magasin, vous aurez du mal à trouver l’historique des expositions » explique Yves Aupetitallot. Finalement assez symptomatique de l’ambition rouge/verte qui vise à faire table rase du passé pour mieux installer son orthodoxie. Tout déconstruire, sans avoir d’idée de quoi construire à la place, simplement la volonté de matraquer des obsessions idéologiques.
LE MODÈLE GRENOBLOIS SOUS LE FEU DES CRITIQUES
La sortie de l’ex directeur du Magasin-CNAC s’ajoute à la longue liste de critiques qui ont été émises à l’encontre de la politique culturelle grenobloise depuis des années. Avant lui, l’analyse du journaliste de France Culture Frédéric Martel en 2021 dénonçant « oukases, coups de menton, et arbitraire politique » avait marqué les esprits. Plus récemment, l’ancien directeur du théâtre Guy Sisti a publié une longue note sur son histoire avec le théâtre de Grenoble démontrant le contraste particulièrement visible entre la liberté de création qui régnait précédemment et la chape de plomb qui s’est abattue avec Piolle.
Corinne Bernard (adjointe « aux cultures » 2014-2020), Eric Piolle et Lucille Lheureux (adjointe sous ce mandat) : les visages du déclin culturel grenoblois.
UN APPEL À L’UNION POUR TOURNER LA PAGE…
En conclusion de l’article de Place Gre’net, Yves Aupetitallot ne se cache pas derrière son petit doigt : « toutes les forces politiques, de droite ou de gauche, doivent s’unir pour tourner la page Piolle » car « un troisième mandat de cette nature et Grenoble sera vraiment un village ». En effet : le temps presse alors que la politique culturelle de Grenoble est devenue un système d’exclusion et de propagande refermé sur lui-même.
… OU RECONDUIRE LES MÊMES POUR ACHEVER LA CULTURE
Le seul aujourd’hui à travailler dans cette optique, qui entend rassembler toutes les forces vives désireuses de tourner la page de ce dogmatisme destructeur, qu’elles soient de droite ou de gauche, sans considérations partisanes, est le groupe d’Alain Carignon. En face, la candidate de Piolle Laurence Ruffin a d’ores et déjà confirmé qu’elle s’inscrit dans les traces idéologiques de l’équipe actuelle. Elle persistera avec les mêmes méthodes si elle est élue.
Puisse l’appel à l’union être entendu pour éviter ce scénario catastrophe et rendre à Grenoble le rayonnement qu’elle mérite.