Par
Théo Zuili
Publié le
28 nov. 2025 à 11h20
Donné favori dans les sondages, Jean-Michel Aulas, candidat soutenu par la droite et le centre aux élections municipales de Lyon, a pu détailler quelques-unes de ses promesses de campagne auprès d’actu Lyon. Si plusieurs d’entre elles font déjà polémique, l’annonce par l’entrepreneur millionnaire de reverser ses indemnités de maire s’il est élu divise particulièrement.
Comment Aulas annonce organiser ce reversement, ce que prévoit la loi sur les indemnités des maires, réactions virulentes de ses opposants… Tour d’horizon.
Des indemnités reversées à des associations
Jean-Michel Aulas l’avait déjà évoqué en mai 2025, alors qu’il faisait encore planer le doute sur l’annonce de son entrée en campagne : « Je renonce totalement » aux indemnités de maire, répète-t-il dans une interview accordée à actu Lyon mardi 25 novembre.
« Et avec les économies dégagées, j’ai déjà ciblé deux destinations : un grand hôpital lyonnais (j’avais évoqué le centre Léon Bérard) et une association pour la jeunesse et les quartiers : Sport dans la Ville, une association remarquable depuis plus de vingt ans », a-t-il développé.
Avec une fortune estimée à 450 millions d’euros, le chef d’entreprise millionnaire explique ne pas en avoir besoin et préférer reverser ses indemnités. De quoi diviser sur les réseaux sociaux.
« L’avantage des politiques qui ne cherchent pas à faire carrière ou d’en vivre, c’est qu’ils n’ont pas besoin d’être rémunérés », félicitent certains utilisateurs, tandis que d’autres accusent : « Vous faites avec vos millions du populisme de très bas niveau. »
Le premier maire de Lyon à dire non à ses indemnités ?
Si Jean-Michel Aulas allait au bout de cette promesse, il serait le premier maire de l’histoire de Lyon à refuser à ses indemnités. Un maire n’a pas le statut de fonctionnaire : ces dernières ne constituent pas un salaire, mais permettent néanmoins « une reconnaissance du temps et de l’énergie consacrés au mandat ».
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Le plafond légal pour les communes de 100 000 habitants et plus est de 5 960,30 € brut (des majorations sont possibles et portent les indemnités du maire de Lyon à 7 500 € brut). Un montant qui peut être réduit « en cas d’absences répétées non justifiées du maire aux réunions officielles ».
Gage d’impartialité, le versement d’une indemnité a été décidé pour permettre aux élus de mettre leurs activités professionnelles en pause pour se consacrer pleinement à leur mandat tout en résistant aux éventuelles sollicitations illégales dont ils feraient l’objet. La loi permet par ailleurs de refuser à ses indemnités d’élu pour exercer les fonctions bénévolement.
Doucet, Piolle, Ruffin…
À son arrivée en 2020, Grégory Doucet a fait voter une réduction de son indemnité de maire d’environ 1 000 € par mois, une décision présentée comme un geste de « sobriété ».
Eric Piolle, à Grenoble, a fait voter une baisse de 25 % des indemnités des élus, tandis que François Ruffin, président de Debout !, reverse la « majeure partie » des rémunérations issues de son mandat de député.
Certains maires (comme à Audouville‑la‑Hubert ou Saint‑Rémy‑du‑Nord) font également le choix de reverser l’essentiel de leurs indemnités directement dans le budget communal.
Les élus montent au créneau
L’annonce d’Aulas n’a pas manqué de faire réagir les élus et autres personnalités politiques de gauche et d’extrême droite sur les réseaux sociaux. « Lyon n’a pas besoin bénévole, Monsieur Aulas : Lyon a besoin d’un maire », réplique Béatrice Vessiller, vice-présidente écologiste à la Métropole de Lyon.
« La fin des indemnités, c’est le pouvoir pour les rentiers, les milliardaires ou des corrompus. C’est la démagogie à la base du rejet de la démocratie représentative. Aulas est dangereux », poursuit Benjamin Lucas, député Génération.s.
Nicolas Gaborit (PS) accuse par ailleurs : « Les indemnités ne sont pas un ‘privilège’ : c’est ce qui garantit financièrement l’accès de tous à la fonction d’élu. Les refuser, c’est dire implicitement : ‘la politique, c’est pour les aisés’. Ce n’est pas de l’exemplarité, c’est une sélection sociale. »
Suivi par Tim Bouzon (RN) : « Quelle exclusivité… Un multimillionnaire qui refuse un salaire, on se moque de qui. Où sont les propositions concrètes contre l’insécurité, en dehors des psychologues dans les rues ? JMA demeure le candidat des médias et du show-business, un Macron bis. »
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