Boubacar Camara, 18 ans, est mort le 18 juin 2025, après une vaccination au centre de vaccination du CHU Pontchaillou, à Rennes. Le jeune homme, habitant de Vitré, venait d’y recevoir ses injections en vue d’un futur séjour en Guinée. À ce jour, l’enquête ouverte pour rechercher les causes du décès n’a toujours pas livré ses conclusions, laissant une famille entière « dans le vide » selon leurs propres mots.

On ne sait rien. On souffre en silence », confie la maman. 

Ce mercredi-là, Boubacar se rend au CHU. D’après la convocation médicale, il devait recevoir plusieurs vaccins nécessaires pour voyager, dont la fièvre jaune. On lui administrera en outre une « solution » contre la méningite B. « Il était en parfaite santé. Très sportif, jamais malade. Il n’a jamais eu de malaise en dix-huit ans. Il faisait du foot, de la musculation. Il était heureux à l’idée de voyager pour la première fois depuis qu’il était petit », insiste sa mère.

À la sortie de l’hôpital, le jeune homme aurait rapidement montré des signes de malaise. « Une heure plus tard après son vaccin, il est tombé devant son jeune frère », ajoute-t-elle. Dans la soirée, le décès est prononcé, malgré une tentative de réanimation. « Le certificat a mentionné un arrêt cardiaque », indique la maman. Cinq mois après les faits, les parents affirment n’avoir reçu aucune explication claire. Leur douleur se mêle à un profond sentiment d’abandon « On ne sait rien. On continue à souffrir en silence », confie la mère. « Son frère, qui a 16 ans, ne comprend pas ce qu’il a vu. Nous-mêmes, on n’a aucune information. On nous laisse dans le flou. »

Au passage, la maman raconte les nuits sans sommeil, les démarches répétées, les portes closes. « J’ai perdu mon fils. Je deviens folle. » Aujourd’hui, elle sort du silence. «On a respecté la loi française, on n’a jamais fait de bruit, on est restés calmes. Mais personne ne nous répond. On n’a plus d’autre choix que de parler. » À ses côtés, le papa Souleymane Camara, partage cette détresse. « Notre enfant est mort il y a cinq mois. C’est incompréhensible de n’avoir aucune réponse. Nous voulons juste savoir ce qui s’est passé. Rien de plus. »

Une enquête en cours et un CHU silencieux

À Vitré où ils habitent, les parents expliquent avoir suivi toutes les consignes nécessaires pour préparer le voyage de leur fils. « Les vaccins étaient obligatoires. On a fait ce qu’on nous demandait. Mais sur place, on nous a imposé d’autres injections. On a dit non, mais on nous a répété que c’était gratuit, qu’on n’avait rien à payer. », affirme le père. « Une heure après, il s’est effondré. Il a fait un arrêt cardiaque. Ils ont essayé de le réanimer, puis tout s’est arrêté. »

Après le décès, la famille a demandé une autopsie. Accompagnée par SOS France Victimes ainsi qu’une avocate spécialisée en erreurs médicales, elle aimerait plus de considérations. « Nous voulons juste avancer. La vérité doit sortir », insiste Mme Camara. Contacté, le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, se veut transparent. « Une procédure est effectivement en cours sur les recherches des causes de la mort de ce jeune homme », indique-t-il.

Sollicité dans le cadre de cet article, le CHU de Rennes n’a pas répondu à nos questions. Des questions en revanche, la famille en a beaucoup… « Le petit demande encore si son grand frère va revenir. Comment lui expliquer ? », souffle le père. Aujourd’hui, les proches désirent obtenir des explications. « C’est notre cri du cœur. On ne veut pas accuser qui que ce soit, on souhaite comprendre. On espère la vérité », conclut la maman, drapée dans une grande dignité.