Par
Ugo Maillard
Publié le
28 nov. 2025 à 16h03
En France, ces établissements fleurissement à vue d’œil. École primaire et maternelle, collège et lycée, le modèle hors contrat séduit de plus en plus de parents d’élèves. Près de 110 000 élèves sont scolarisés dans un de ces établissements, au regard des données en date de la rentrée scolaire 2024. Selon une investigation réalisée par Enquêtes d’actu, 16 % des établissements scolaires hors contrat sont catholiques. C’est le cas du collège Saint-François de Nice (Alpes-Maritimes). Inauguré en septembre 2025, il accueille des étudiants dans les murs de l’église Saint-Joseph, au cœur du quartier Riquier.
En avril 2025, la rédaction d’actu Nice avait pu s’entretenir avec le directeur du collège Geoffroy De Villaines. Ce dernier défendait son projet : « C’est un collège catholique, chrétien donc ouvert, donc le contraire du repli identitaire. Cela signifie d’être ouvert aux personnes qui ne sont pas entièrement en accord avec les valeurs du christianisme. »
Quelques mois après le début de cours, Jérôme Daher, père d’un élève scolarisé à Saint-François, a accepté de livrer les raisons qui l’ont poussé vers un établissement hors contrat.
L’enseignement de l’anglais comme facteur principal
Depuis le mois de septembre, Emmanuel, 11 ans, suit le cursus scolaire proposé par le collège Saint-François. Un choix de ses parents.
« C’est un prêtre qui m’a parlé de l’ouverture de ce nouveau collège et l’une des premières choses que j’ai apprises sur l’établissement, c’est la volonté d’un enseignement linguistique soutenu », explique Jérôme Daher, père d’Emmanuel.
C’est quoi un établissement « hors contrat »
« L’établissement scolaire privé hors contrat n’est pas obligé de suivre les programmes, ou de respecter les horaires de l’enseignement public. Toutefois, il doit permettre aux enfants d’acquérir les connaissances du socle commun de compétences. L’État ne prend pas en charge la rémunération des enseignants. C’est l’établissement qui recrute les enseignants et les rémunère », peut-on lire sur le site étatique service-public.fr.
L’accent mis sur l’apprentissage des langues par la direction pédagogique a été le facteur principal de sa décision. « Le projet éducatif, m’a plu, principalement la place accordée aux langues. Je viens du Liban, pays dans lequel on grandit avec trois langues (anglais, français et arabes). C’est ce que je voulais pour mon fils ».
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Dans les établissements sous contrat, le niveau de langue ne me satisfait pas. Il n’y a que quatre heures d’anglais par semaine, alors qu’Emmanuel a sept heures d’anglais. Il a énormément progressé.
Jérôme Daher
Une volonté de prioriser les langues qui était souhaitée par le directeur du collège : « L’anglais sera extrêmement dominant dans notre approche, car nous souhaitons avoir une ouverture internationale. Les cours de sport seront en anglais par exemple. »
Un établissement hors contrat peut faire peur ?
Débarquée du Liban en 2021, la famille Daher s’est installée à Nice durablement. Jérôme, le papa, assure n’avoir « aucun préjugé » quant au système éducatif français, y compris pour les établissements hors contrat.
J’étais en totale découverte de l’enseignement en France. J’ai compris que les hors contrats ont une certaine liberté. Je trouve que cette marge de liberté est positive.
Jérôme
Interrogé sur les très nombreuses dérives relevées dans des établissements hors contrat, Jérôme se veut rassurant : « Sur cet établissement, je n’ai aucune crainte, mais je ne me prononce pas sur les autres. »
« À cœur d’avoir un enseignement religieux »
Si l’enseignement linguistique a été décisif dans le choix de scolariser Emmanuel à Saint-François, l’aspect religieux demeure essentiel.
« Notre famille est catholique. Il est vrai que j’avais à cœur d’avoir un enseignement religieux. C’est une spiritualité équilibrée et saine. Je ne voulais pas que ça aille dans les extrêmes et ce n’est pas le cas », assure le père de famille.
Pour appuyer ses propos, Jérôme Daher met avant les cours dispenser chaque semaine sur les autres religions.
« Nous sommes satisfaits »
Pour cette première année, l’établissement accueille seulement quatre élèves dans l’unique classe de sixième. « Une opportunité pour Emmanuel », selon le père de famille de 50 ans.
« C’est projet pilote pour donner envie à d’autres. De notre côté, avec ma femme, nous sommes satisfaits de l’enseignement donné au collège. Notre troisième et dernier fils, intégrera la classe de 6e l’année prochaine », s’impatiente Jérôme.
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