Fouilles dans le cimetière de Thiaroye, écriture d’un livre blanc… Ces derniers mois, il semble que la nouvelle présidence sénégalaise espère enfin faire la lumière sur le massacre ?

Depuis l’année dernière, la gouvernance sénégalaise en a fait une cause nationale, en créant notamment un comité de commémoration avec à sa tête le professeur Mamadou Diouf, historien à l’université de Columbia, à New York. L’histoire prend une dimension nouvelle dans le quotidien et le vécu des Sénégalais. Cela se concrétise sur le terrain. Dans les fouilles, des choses ont été effectivement trouvées, pas dans les tombes mais ailleurs : des corps de personnes en uniforme, criblés de balles, enchaînés…

Dans votre film, l’historienne Armelle Mabon suggère l’existence d’une liste recensant tous les morts de Thiaroye. Existe-t-elle ?

Elle a forcément existé dans les archives françaises… On ne sait pas si elle existe toujours. Une certitude : on fait face, depuis plus de quatre-vingts ans, à de la rétention d’informations de la part de la France. On a eu une avancée en novembre 2024 quand Emmanuel Macron a reconnu officiellement, dans un courrier envoyé à son homologue sénégalais, l’existence d’un massacre. Jusqu’alors, la France parlait d’une mutinerie… Toutes ces archives existent ou ont existé. Sont-elles dans un coffre-fort ? Ont-elles été détruites ? Personnellement, je suis assez pessimiste. On attend…

« Dans les fouilles, des choses ont été effectivement trouvées, pas dans les tombes mais ailleurs »

Le fils d’un des tirailleurs morts sous les balles ce 1er décembre 1944, intervenant dans votre film, a déposé plainte contre l’État français pour « recel de cadavre »… Continuez-vous de suivre son combat ?

Bien sûr ! Biram Senghor, dont je respecte énormément le combat, se bat depuis le début des années 1970. Il aimerait bien connaître le fin mot de l’histoire avant de mourir. Il souhaite également que la France paye ce qu’elle doit à son père, pour le laisser à ses descendants. Symboliquement, pour lui, c’est important.