En cette fin d’année, ses priorités sont ailleurs. L’ancien hockeyeur du Royal Léopold Club sis à Uccle travaille comme un beau diable dans l’ombre pour se bâtir un outil de travail qui lui permette de réaliser ses plus grands rêves en 2026. Depuis des semaines, il sue en salle de sport pour travailler le foncier. Présent à Dubaï avec sa famille, il s’est confié sur les enjeux de cette période de fin.
Thomas Detry, quelle place occupera la saison 2025 dans votre carrière ?
Le souvenir reste bon. J’ai vécu quelques feux d’artifice. Mon US Open a été bon. J’ai remporté mon premier titre sur le PGA (Phoenix). J’ai achevé la saison dans le top 50. J’ai atteint mes deux objectifs principaux. Grâce à mon top 50, j’ai ma carte complète pour 2026. J’ai accompli une belle année. Si je regarde en arrière, je prends quelques pourcents chaque année. Je suis certain d’être un joueur plus complet qu’il y a deux ans.
L’année 2025 vous a réservé quelques infortunes aussi…
Je garde toujours un souvenir amer par rapport à la Ryder Cup. J’aurais également aimé achever l’année dans le top 30 afin de disputer le Tour Championship. Mais, je le répète, globalement, la saison a été bonne. Je peux construire mon année 2026 sur les bases de 2025. Je sens que je continue à progresser chaque année. Je ne traverse pas de grands creux. Je n’ai jamais eu une grosse saison vide.
Du septembre à janvier, votre agenda s’est allégé. Comment avez-vous découpé les blocs de travail afin d’arriver sur votre premier tournoi PGA en 2026 dans les meilleures conditions ?
Ma saison s’est achevée aux États-Unis fin août. Ensuite, j’ai disputé quelques tournois en Europe. Mon calendrier était vraiment plus léger. Je ne ressens pas du tout le besoin de ranger mes clubs au garage.
Quand avez-vous démarré votre travail foncier ?
Comme la saison est longue et intense entre janvier et août, je dois profiter des derniers mois de l’année pour travailler le foncier. Durant la saison, je dois me contenter d’un peu d’entretien sur un plan physique. Durant deux mois et demi, je bosse mon physique tous les jours. Je vis à Dubaï à 45 minutes de la maison de mon coach Jérôme Theunis. Nous nous voyons tous les jours ou presque.
Que signifie le travail physique pour un golfeur professionnel ?
Le bas du corps est essentiel. Je travaille d’abord sur la force avec des squats, des bonds… Ensuite, je bosse sur la vitesse avec des exercices d’explosivité (sauts latéraux…). Je dois créer de la vitesse. Tout se fait à 100 % en salle. Moi, j’adore cette période. Je me sens un autre homme quand j’ai les jambes fortes. Je le sens dans mon swing qui est nettement meilleur. Avoir des gros bras ne sert à rien en golf. J’ai des amis musclés qui n’ont aucune vitesse. Je travaille aussi au niveau du dos et du gainage des abdos. Je ne bosse pas spécifiquement au niveau du cou à l’image d’un pilote de Formule Un.
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Quel est le programme d’une journée-type ?
Je me rends à la salle à sept heures. Je suis une session d’une heure et demie du lundi au vendredi. Les exercices sont costauds. À midi, je rejoins mon coach. Nous travaillons à deux sur le terrain. Je partage une partie avec lui. Les jeudis et vendredis, je joue avec des amis pros ou de très bons amateurs. Nous nous fixons des enjeux. Je vous garantis que le niveau est très compétitif.
Quel est le rôle de Jérôme Theunis durant cette période ?
Il est là pour moi. Je le vois un maximum. Nous avons l’occasion de travailler de manière précise et complète. Durant l’année, il me rejoint aux États-Unis une semaine par mois. Nous avons prévu de jouer un tournoi en Afrique du Sud début décembre. Ensuite, je travaillerai à Dubaï jusqu’à la mi-décembre.
Et ensuite ?
L’an passé, nous avons passé les fêtes de fin d’année à Dubaï sous 25 degrés. Je m’entraînais au golf tous les jours. Cette année, nous revenons à Londres dans ma belle-famille le 15 décembre. Je jouerai forcément moins en raison du climat en Europe.
Êtes-vous un adepte de la fête de Noël ?
Bien sûr. Mes plus beaux souvenirs sont liés à mes enfants. Avec eux, Noël est magique depuis deux ans. Je me souviens aussi, il y a longtemps, avoir vécu un Noël blanc à Bruxelles.
Quel sera votre premier tournoi aux États-Unis en 2026 ?
Je me rendrai à Hawaï à la mi-janvier. Ensuite, c’est parti pour huit mois sans interruption.
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Adrien Dumont de Chassart a validé sa carte sur le PGA Tour pour 2026. Quel sera l’impact de sa présence à vos côtés ?
C’est génial. Il a le même coach que moi. Jérôme pourra se partager entre nous. Nous jouerons de nombreux tournois ensemble. Nous pourrons ainsi faire nos reconnaissances à deux. Quand tu vis toute l’année loin de la Belgique, tu es toujours heureux de croiser un Belge. Je pourrai parler français avec lui. Adrien a déjà vécu une saison sur le PGA. Il est revenu un an plus tard encore plus fort. Je nous souhaite à tous les deux d’achever la campagne dans le top 30.
Dans quel état d’esprit aborderez-vous l’année 2026 ?
Je garde le même état d’esprit. Certains joueurs aiment tout changer d’une année à l’autre. Moi, j’aime travailler dans la continuité. Telle est ma philosophie. J’aime voir sur le long terme. Depuis que je travaille avec mon équipe, je progresse chaque année. Je démarrerai 2026 avec la volonté de grandir un peu plus encore.
Qui sont les membres de votre staff ?
Je travaille évidemment avec mon coach Jérôme Theunis. J’ai un coach pour le putting, Mike Kanski. Je dispose de deux préparateurs physiques, un Écossais et un Anglais. Je réfléchis aussi sur l’identité de mon coach mental.
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Je ne suis pas sûr qu’il cherche un rôle de coach. Il est plus intéressé par une carrière de commentateur à la télévision. Donc, je ne vais pas lui demander d’être consultant. »
Avez-vous demandé au jeune retraité Nicolas Colsaerts d’intégrer votre staff en tant que consultant ?
Pour un retraité, Nicolas est un homme encore très actif qui joue à gauche et à droite. Je le vois souvent. Il vit aussi près de Dubaï. Je ne suis pas sûr qu’il cherche un rôle de coach. Il est plus intéressé par une carrière de commentateur à la télévision. Donc, je ne vais pas lui demander d’être consultant. Nicolas a aussi beaucoup d’enseignements à transmettre aux jeunes Belges. Pour nous qui vivons loin du pays, c’est plus compliqué de jouer un rôle au quotidien pour la fédération. Je songe à un Tom Boon. Le jour où le Red Lion arrêtera de jouer, il pourra facilement être au service du hockey belge car il habite à Uccle.
Et vous, avez-vous une source d’inspiration sur le circuit PGA ?
Je suis toujours impressionné par Rory McIlroy. L’Irlandais a ce truc en plus qu’on appelle le talent. Personne d’autre n’a ce truc comme lui. Je suis également fasciné par Justin Rose. À 45 ans, il sort de la meilleure saison de sa vie. Il gère sa carrière à la perfection. Il s’investit sans compter. Il a mis toutes les chances de son côté. Il met toujours une grande rigueur dans tout ce qu’il fait.
Gardez-vous un regard sur le sport belge ?
J’avoue que je n’ai pas trop suivi le parcours de l’équipe nationale de rugby. Pourtant, je passe beaucoup de temps en Angleterre qui a érigé le ballon ovale au rang de religion. J’adore le tennis depuis toujours. Le football ? Évidemment. Je reconnais que je regarde plus facilement la Premier League. Le football belge m’attire moins. Sinon, je regarde beaucoup le cyclisme et le hockey. Je n’oublie pas que j’ai joué au Léopold durant ma jeunesse. Le hockey fut mon premier sport.