Par

Brian Le Goff

Publié le

27 avr. 2025 à 11h12

C’est l’un des changements les plus notables dans le monde de la santé rennais. D’ici à 2028, l’hôpital Sud cessera ses activités dans ses murs actuels pour rejoindre le futur hôpital femme-mère-enfant, sur le site du CHU. En 2025, pour imaginer le futur du site, situé dans le quartier du Blosne, au sud-est de la capitale bretonne et sur le bord de la rocade, Rennes Métropole part donc d’une « page blanche ouverte », précise Marc Hervé, premier adjoint à l’urbanisme à la Ville de Rennes. Toutefois, deux lignes rouges sont fixées par l’élu : ne pas s’étendre au-delà de la rocade et garder le bâti historique.

De nombreuses propositions

Lors d’une première réunion publique, le 27 mars dernier à l’hôtel de Rennes Métropole, plus d’une centaine d’habitants, qui avait fait le déplacement pour évoquer le sujet avec des élus et responsables du CHU, ont pris connaissance des projets imaginés par des étudiants de diverses disciplines, notamment de jeunes architectes. « C’est un voyage exploratoire dans les futurs possibles de l’hôpital Sud », peut-on lire sur un des panneaux de l’exposition, mis en place au même moment. Tous n’ont par ailleurs pas pris en compte les lignes rouges des élus.

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De nombreux habitants ont pris part à une réunion publique pour évoquer le futur de l’hôpital Sud, le 27 mars dernier, à Rennes.(© Brian le Goff / actu Rennes)

Des étudiants urbanistes du Master 2 Développement Urbain Durable de l’université Gustave Eiffel, se sont penchés sur cette question : « De quoi la ville aura besoin en 2045 ? » ; tout en y intégrant des enjeux de mixité urbaine, abordés par la Métropole.

Une cité verticale, bas-carbone ou de l’alimentation ?

Trois scenari ont été pensés :

  • une cité verticale avec logements, espaces de loisirs, de sport et de restauration, espaces d’artisanat, coworking et bureaux ;

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Voici un schéma de ce à quoi pourrait ressembler la cité verticale. (© Rennes Métropole)

  • une cité bas-carbone et peu énergivore avec un « lieu de sensibilisation du public, centre de formation et emploi et accompagnement des professionnels. Une plateforme de recyclage se développe grâce à la proximité de la rocade. Des logements étudiants complètent le lieu » ;

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Le projet de Cité bas-carbone.(© Rennes Métropole)

  • une cité de l’alimentation qui associe des fonctions de transformation (conserverie, épicerie…), de logistique, de recherches, de compostage des déchets, voire de production de biogaz. 

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Le projet de cité de l’alimentation. (© Rennes Métropole)La prise en compte de la biodiversité actuelle dans le futur projet

De leur côté, des étudiants écologues de l’école des métiers de l’environnement UniLaSalle Rennes sur le campus de Ker Lann à Bruz ont pris en compte la dimension écologique du site.

Ils ont répertorié l’ensemble de la biodiversité présente sur la zone afin de comprendre l’écosystème et anticiper les nuisances du chantier à venir. Enfin, les étudiants ont formulé de nombreuses propositions au futur projet, comme :

  • végétaliser les façades ;
  • adapter le calendrier des travaux pendant les périodes de reproduction de la faune ;
  • créer des zones de prairies, de haies champêtres, des nichoirs et des abris ;

Afficher ou télécharger le fichier.

  • aménager des bassins de rétention et des aires d’activité inondables ;
  • libérer le ruisseau du Blosne marqué par sa mise en dalot (une canalisation enterrée).

Réhabiliter et densifier ou détruire et densifier encore davantage ?

Des étudiants ingénieurs de l’École nationale des ponts et chaussée ont aussi participé à penser l’avenir de l’hôpital Sud. Après une analyse technique du site, ils ont élaboré trois scenari avec comme question centrale « Conserver ou pas le bâtiment Fontenoy ? » :

  • la réhabilitation totale et la densification ;
  • la démolition partielle et la densification ;
  • la démolition et la reconstruction avec une densification du bâti.

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Voici un aperçu du scénario 2. (©Rennes Métropole)

Pour ces étudiants, le scénario 2 serait le « meilleur compromis entre meilleure adaptation des bâtiments, une consommation énergétique moyenne et des émissions de gaz à effet de serre réduites ». 

Une transformation équilibrée ?

Enfin, le site de l’hôpital Sud a été retravaillé par des jeunes architectes dans le cadre du concours d’idées d’architecture et d’urbanisme Europan, organisé par le ministère de la Culture et proposé tous les deux ans dans une vingtaine de pays européens. 18 propositions ont été analysées par le jury, trois équipes ont été retenues :

  •  le bâti central Fontenoy est conservé et « augmenté » par l’ajout d’une structure en bois formant un carré multifonctionnel tout autour du bâtiment existant ;
  • l’hôpital Sud devient le pôle de résilience agricole et alimentaire du Blosne ;
  • le dernier projet consiste à « régénérer le bâti pour irriguer la vie sociale, les techniques et activités humaines ».

Pour découvrir plus en détails l’ensemble des projets, on vous invite à consulter ce document.

Des habitants loin d’être convaincus par ce futur

Lors de la réunion publique du 27 mars, peu d’habitants présents étaient encore prêts à dire au revoir à l’hôpital Sud.

Plus que de parler de l’avenir du site, les habitants sont venus rappeler les problématiques du quartier, tant du point de vue du stationnement sauvage, que de la sécurité ou encore de la densification du quartier avec des « espaces verts qui disparaissent ».

Ce à quoi les élus ont répondu que « Le Blosne comptait en moyenne 37 logements par hectare » quand le quartier de Villejean en compte 80 en moyenne sur la même surface.

Une habitante a également interrogé le premier adjoint sur ce qu’il se passerait entre le moment où les services hospitaliers quitteront le site et le renouvellement de ce dernier, avec une inquiétude en tête : celle des squatteurs.

« On sait occuper transitoirement un lieu », a alors rétorqué Marc Hervé, premier adjoint à l’urbanisme de la Ville de Rennes, prenant comme exemple le site de l’Hôtel-Dieu dans le centre-ville en pleine réhabilitation ou encore les Halles en commun dans le quartier de la Courrouze ; assurant que les moments où les locaux resteront vides seront très restreints.

Quel accès aux soins ?

Enfin, la question de l’accès aux soins dans le quartier, notamment pour les enfants, a été soulevée par d’autres membres de l’assemblée avec le départ de l’hôpital Sud : « Entre Chantepie et La Sagesse, il n’y aura plus rien. »

Les élus ont répondu qu’un nouveau centre de santé et une pharmacie étaient prévus place Jean-Normand, près du Conservatoire. « La densité de l’offre de soins fait de la métropole un territoire à part en Bretagne, voire en France », a appuyé Marc Hervé.

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