Plusieurs pays alliés envisageraient ainsi des « opérations cyber offensives conjointes et des exercices militaires surprises », affirme Politico.
« Les Russes testent constamment les limites — quelle est la réponse, jusqu’où pouvons-nous aller ? » s’interroge la ministre lettone des Affaires étrangères, Baiba Braže.
Selon elle, une réponse plus « proactive est nécessaire ». « Et ce n’est pas en parlant que l’on envoie un signal — c’est en agissant », poursuit Mme Braže.
Avant d’ajouter : « Globalement, l’Europe et l’alliance doivent se demander combien de temps nous sommes prêts à tolérer ce type de guerre hybride… et s’il ne faut pas envisager de devenir nous-mêmes plus actifs dans ce domaine ».
Ces dernières années, la Russie est coutumière des attaques hybrides contre des états membres de l’Alliance atlantique. Elle a notamment mené des assassinats contre des opposants politiques au Royaume-Uni, ou financé la montée des partis d’extrême droite en Europe.
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Pour le chef d’état-major suédois, le général Michael Claesson, l’Europe ne doit pas se laisser faire. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir peur ni d’être angoissés par l’escalade. Nous devons être fermes ».
Une tâche qui n’est pas simple, puisque la Russie considère l’UE et l’OTAN comme des rivaux, et que dépasser certaines lignes rouges du Kremlin apparaît comme dangereux, Moscou étant une puissance nucléaire.
Si les pays de l’OTAN se sont déjà engagés à renforcer leur Défense, la rhétorique semble se muscler en Europe face aux multiples opérations de déstabilisation russes.
Il serait maintenant question de viser directement la Russie, par des exercices militaires surprises menés par l’OTAN, mais aussi via des opérations cyber offensives conjointes et des attaques hybrides contre Moscou.
Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto a notamment dévoilé un plan de 125 pages, dans lequel il invite l’UE à se doter d’un « Centre européen de lutte contre la guerre hybride », une force cyber de 1 500 personnes. Le ministre aimerait également que soient recrutés des militaires spécialisés dans l’intelligence artificielle.
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La rhétorique semble donc changer en Europe, mais peu d’actions concrètes ont cependant encore été mises en place, note Politico.
Si certains pays de l’Alliance, comme la Tchéquie, le Danemark, ou le Royaume-Uni, utilisent déjà les attaques cyber offensives, notamment dans la lutte contre l’Etat Islamique, c’est encore loin d’être une pratique généralisée.
Pour Kevin Limonier, directeur adjoint du think tank GEODE, cité par nos confrères, il est difficile pour les pays européens de recourir aux mêmes méthodes que la Russie, car l’Europe est attachée au respect des normes.
« Cela soulève une question éthique et philosophique : des États gouvernés par l’État de droit peuvent-ils se permettre d’utiliser les mêmes outils… et les mêmes stratégies que les Russes ? « , interroge-t-il.
« Les réponses asymétriques font partie de la discussion, mais nous n’allons pas nous abaisser aux mêmes tactiques que la Russie », explique par exemple un diplomate de l’OTAN à Politico.
Le passage des paroles aux actes est donc encore loin d’être acté, même si un changement des mentalités semble s’opérer en Europe.
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