Ils n’en peuvent plus des nuisances sonores. Les habitants qui vivent autour de l’aéroport de Nantes ne se sentent pas entendus par l’Etat. La maire de Rezé, Agnès Bourgeais menace de porter plainte.
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Sylvie et Yvan Glorieau vivent à Bouguenais depuis 40 ans. « Faut le vivre pour le comprendre, explique Sylvie. Ça perturbe, ça énerve. »

Yvan et Sylvie Glorieau vivent à Bouguenais depuis 40 ans.
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© France Télévisions
« Ça », ce sont les avions qui passent au-dessus de leur maison. « 80 décibels. L’été, c’est très dur ». Yvan fait partie du Coceta, le Collectif des Citoyens Exposés au Trafic Aérien mais aujourd’hui, il est fatigué du combat. « Je suis un peu fataliste. On a l’impression que ça n’avance pas. On a vu un tas de personnes, des sénateurs, même des ministres…ils écrivent, mais ça n’avance pas. Et avec les changements de gouvernement, ça change à chaque fois, je suis un peu pessimiste. Je ne suis pas sûre qu’elle [la maire] va être entendue ».
Car la maire de Rezé a décidé de passer à la vitesse supérieure. Après avoir signé un courrier commun le 12 novembre dernier avec cinq autres maires du sud Loire concernant les nuisances sonores, Agnès Bourgeais menace de porter plainte contre l’État pour obtenir la limitation du trafic aérien. « L’État m’oblige à passer un cap puisque depuis des années nous expliquons que ce n’est pas possible d’augmenter de manière exponentielle le nombre de vols. L’État ne nous écoute pas, ne nous entend pas. Et en faisant ça, il marche sur les habitantes et les habitants du territoire ».
La maire fait le parallèle avec l’affaire des algues vertes en Bretagne dans laquelle la famille d’un jeune joggeur, décédé d’une insuffisance respiratoire brutale, a obtenu la reconnaissance de la responsabilité de l’État pour faute.
Nos habitantes et nos habitants nous disent quotidiennement qu’ils ne dorment pas assez, pas bien, qu’ils sont gênés par le bruit. Il y a des questions de pollution. On le voit même sur les fenêtres.
Agnès Bourgeais
Maire de Rezé (maire citoyenne élue sur une liste citoyenne de gauche)

Les habitants des communes autour de l’aéroport de Nantes-Atlantique se plaignent des nuisances sonores qu’engendre le trafic.
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© LOIC VENANCE / AFP
La maire s’appuie sur une étude réalisée par SonoRezé, un projet de recherche pour le diagnostic citoyen des environnements sonores de la ville de Rezé, qui conclue qu’en moyenne à Rezé, 300 années de vie en bonne santé sont perdues tous les ans et qu’au cours de toute sa vie, un habitant de Rezé perdra 7 mois de vie en bonne santé.
« Il y a une mise en danger, détaille la maire, on a des gens qui sont vraiment très très mal avec ce bruit perpétuel. Donc c’est vrai que ce jugement sur les algues vertes est une piste que nous souhaitons étudier ».
Avec la modernisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, selon les projections de la DGAC (la direction générale de l’aviation civile), entre 2019 et 2040, il y aura 28 % de passagers en plus, pour seulement 1,4 % de mouvements d’avion supplémentaires. Ce qui signifie 63 200 vols pour 9.2 millions de passagers d’ici à 2040.
« C’est vrai, reconnaît Agnès Bourgeais. Il faut moderniser Nantes-Atlantique. Mais moderniser ne veut pas dire permettre d’accueillir davantage de vols. » Selon elle, il faudrait rester en dessous des 57 000 vols par an. Et à ceux qui lui reprochent de ne pas prendre en compte le développement économique de Nantes, l’élue répond :
« Nous ne sommes pas anti-entreprise, anti-économie, bien au contraire, il faut des emplois, il faut une métropole dynamique. Mais pas au prix de la santé des personnes qui y habitent. »
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