« Mohamed, tu ne seras pas oublié ». Il est 14 h 30, ce vendredi 28 novembre 2025, au cimetière de Kerlétu. Un proche vient de rendre un dernier hommage à Mohamed Hamid Ahmed. Ce Soudanais de 39 ans a été tué lors d’une intervention policière le lundi 3 novembre, rue de Larmor, à Lorient. Son corps repose désormais dans le carré musulman. La mort ? « Une étape parmi les étapes », a déclaré l’imam Mounssif Fathi lors de l’inhumation.
Une centaine de personnes étaient présentes, de la communauté musulmane mais pas seulement. Elizabeth a travaillé à ses côtés dans un chantier d’insertion à Pont-Scorff. « Il était adorable. On riait beaucoup, se remémore-t-elle, c’était aussi un gros bosseur. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer », lâche-t-elle. Claudine, bénévole au sein du Cleas (Centre de langue et d’action sociale), lui donnait des cours de français. « Il était très assidu, agréable et gentil », confie-t-elle, émue.
Les obsèques avaient débuté à 13 h 30 par prière mortuaire à la mosquée de Chaigneau. Entre 400 et 500 fidèles y étaient rassemblés. (Le Télégramme / Steven Lecornu)« Il a fui la guerre, l’injustice, la peur »
Lors de la cérémonie, ses proches ont rappelé le « parcours difficile » de Mohamed Hamid Ahmed. « Du Soudan jusqu’à la France, il a fui la guerre, l’injustice, la peur. Il est arrivé dans un pays qui n’était pas le sien, loin de sa terre natale, loin de ses repères, souvent déraciné, souvent isolé. Mais il a aussi trouvé ici des liens, des visages, des mains tendues ». Aujourd’hui, « la présence de tant de personnes, venues de tous horizons, de toutes origines et de toutes confessions, est un témoignage immense. Cela montre qu’il n’était pas seul ».
Quelques élus, des représentants du monde associatif et surtout de nombreux voisins sont venus témoigner. « Comment Mohamed a t-il pu brandir un couteau vers les policiers ? ». Beaucoup sont encore dans l’incompréhension et attendent désormais avec impatience les résultats de l’enquête. C’est aussi le cas d’Abakar Charfadine, un cousin côté paternel. Le quadragénaire a fait la route de Dunkerque. Une nuit passée au volant, en compagnie de quatre amis. « J’ai appris la nouvelle sur les réseaux sociaux. Je ne l’avais pas vu depuis de très nombreuses années », explique-t-il, au point de « perdre sa trace ». Abakar révèle qu’il est le seul membre de sa famille à vivre en France. « Le père de Mohamed est décédé mais sa mère vit encore au Soudan. Il a deux frères et deux sœurs également ».
« Je veux savoir pourquoi il a été tué »
Abakar ne comprend toujours pas les circonstances du drame. « Je veux savoir pourquoi il a été tué », affirme-t-il. D’après nos informations, il a, un temps, était envisagé de rapatrier son corps au Soudan mais l’ambassade a refusé en raison de la guerre qui sévit là-bas. « Toutes les semaines, il envoyait de l’argent au Soudan pour aider sa famille », soutient l’un de ses proches.
Mohamed Hamid Ahmed, qui habitait dans le quartier de Frébault, à Lorient, dépendait de l’organisme de tutelle Ascap 56. C’est cette dernière qui a pris en charge ses obsèques. Très marquée, sa représentante, sur place au cimetière, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Des obsèques qui avaient réellement débuté à 13 h 30 par prière mortuaire à la mosquée de Chaigneau. Entre 400 et 500 fidèles y étaient rassemblés.