Faire mieux que l’an dernier était un objectif européen. La 5e défaite en cinq matchs fait du Gym le dernier de la classe et la risée de la France. Comment vivez-vous la situation ?
On le vit mal. Ça fait deux années de suite qu’on n’est pas performant en coupe d’Europe. Après ces cinq défaites, on se sent honteux par rapport au territoire.

Ce but concédé après seulement 18 secondes renforce l’impression que les joueurs semblent tétanisés et incapables de se révolter.
C’est la troisième fois qu’on encaisse l’ouverture du score dans les premiers instants en Europe.
On a l’impression de revivre une situation compliquée, il y a une grave crise de confiance. Les joueurs veulent bien faire. J’ai parlé au groupe il y a quelques jours, ça fait trois ans que je suis à Nice et je sais qu’il y a une valeur ancrée ici, c’est l’engagement.
Le club a eu des équipes avec bien moins de talent mais elles étaient plus vaillantes et engagées. C’est insupportable d’avoir du talent et de faire ce que l’on fait. Perdre 5-1 contre Marseille, ça touche à l’ADN du club. Un sentiment de honte nous habite à tous les niveaux.
Avez-vous été surpris par la communication du coach au sujet de sa proposition de limogeage ?
Non, il l’avait déjà exprimé auprès de son groupe un ou deux jours auparavant.
Pourquoi avoir refusé sa proposition la semaine dernière ?
On n’y est pas favorable. Quand Franck nous a fait sa proposition, c’était pour provoquer un électrochoc. On a mis l’actionnaire dans la boucle. Jean-Claude Blanc était au club lundi lui aussi, il était aligné avec nous. Le staff technique de Franck était présent aussi, l’objectif est d’avancer tous ensemble. Franck l’a dit, il n’est pas dans un état d’esprit d’abandonner ses joueurs.
Mais proposer son limogeage n’est pas une façon de démissionner aussi, mais avec les indemnités ?
Je ne le vois pas comme ça à partir du moment où il l’a dit, il ne veut pas jeter l’éponge. Il se questionne sur le besoin du groupe d’avoir un électrochoc. C’est difficile de trouver des solutions, on en a tous conscience. La question est de savoir comment les trouver ensemble. Franck est un bon coach, avec un bon staff et une cellule de performance, une structure autour de lui qu’il a validée et qui lui permet d’optimiser les qualités de son effectif. En l’état, le groupe n’est pas performant. Ça arrive, mais est-on capable de mieux faire avec ce groupe ? C’est certain. Mon rôle n’est pas de s’apitoyer. On a fait des erreurs, mais il faut avancer. Je suis convaincu qu’on a des solutions pour.
Comme le confient certains agents en privé, pensez-vous que ses dernières prises de parole ont divisé le vestiaire ?
La com’ que le coach a dans ses conf’, ça lui appartient. C’est son management, je n’ai pas à entrer dans le jugement. S’il pense qu’il faut piquer les joueurs, il le fait. A lui de sentir et savoir comment tirer le maximum de son groupe. J’attends en revanche que les joueurs s’expriment en visu avec leur entraîneur au lieu de le faire par des intermédiaires.
Quand vous parliez d’erreurs, vous parliez de vous aussi ?
Bien sûr. Ce serait trop facile de dire que c’est seulement la faute des autres. C’est moi qui mets des personnes en place. Je suis content quand je vais chercher Florian (Maurice) et Franck, avec l’accord d’Ineos. Je les soutiens, c’est ma responsabilité. Pour donner l’exemple d’une erreur que je reconnais, pour Benfica, l’effectif n’était pas prêt. J’ai dit aux joueurs : « On ne vous a pas mis dans les meilleures conditions pour jouer le barrage avec le maximum de possibilités ». En ce qui concerne le choix des joueurs, ce n’est pas mon rôle. Ma part est dans l’exécution, la réalisation des deals.
Florian Maurice reste-t-il lui aussi l’homme de la situation ?
Il a fait un très bon mercato l’an dernier avec les arrivées de Moïse Bombito, d’Ali Abdi qui a été très performant sur les premiers mois. Il a réussi des bonnes pioches, il vit un moment différent. Il est en zone d’inconfort, à lui de trouver des leviers, d’accompagner davantage le staff. C’est quelqu’un d’humain et loyal qui s’attellera de nouveau en janvier à trouver des solutions malgré nos moyens économiques difficiles.
Mais le problème du dernier mercato ne relève pas davantage du choix des profils plutôt que des moyens économiques ?
Vous avez raison, on a dépensé un peu moins de trente millions d’euros. En l’état le mercato ne porte pas ses fruits, c’est une réalité. Mais les joueurs ne sont pas des kleenex, ils doivent être dans un climat favorable pour donner le meilleur aussi. Pour cet hiver, la taille de l’effectif reste à surveiller. Il ne faudra pas accumuler pour accumuler. Franck et Florian échangent en ce moment sur le mercato, la responsabilité première appartient à Flo, le coach valide les profils derrière. Le coach a toujours eu un droit de veto.
Est-ce que les difficultés ne viennent pas aussi du manque d’identité niçoise dans l’effectif ?
C’est une bonne question. Je pense qu’il y a de bons joueurs, mais je sais que culturellement les Sud-Américains, Argentins, Uruguayens ou Paraguayens ont une forte correspondance avec le territoire. J’en suis convaincu en tant que latin et Colombien. Mais ce n’est pas moi qui détermine ces aspects, ça appartient au sportif de travailler et d’identifier des joueurs qui correspondent à l’identité du territoire. Dante a beaucoup porté le vestiaire ces dernières années, son absence entre 2020 et 2021 avait déjà prouvé son importance avec la régression dans les résultats. Il est nécessaire que des cadres prennent progressivement la suite.
Pour cet hiver, peut-on craindre des ventes de joueurs cadres ?
Ce n’est pas l’objectif. Financièrement, le club n’a pas besoin de vendre cet hiver. Il faut plutôt trouver de la marge pour faire des choses en plus. C’est uniquement lié à des considérations sportives, éviter la frustration de certains joueurs en termes de temps de jeu.
Le départ de Jean-Pierre Rivère a été pénalisant ?
Ce que je peux dire, c’est que j’ai apprécié de travailler pendant trois ans avec Jean-Pierre. Il a décidé de faire autre chose, on le respecte. L’incidence de son départ, c’est peut-être la perte de la caution locale, c’est moins rassurant pour l’extérieur. Je le suis peut-être moins. Jean-Pierre était un formidable paratonnerre, je le sais, je ne m’en plains pas. Il avait un côté qui pouvait apaiser l’environnement du club.
Les supporters : « Leur colère est légitime »

Photo Sébastien Botella
Le départ des supporters à la pause jeudi soir marque une certaine colère de leur part. Ne craignez-vous pas qu’elle s’intensifie ces prochains jours ?
Elle est légitime. Je l’ai dit aux joueurs, il serait parfaitement légitime d’avoir une réaction de leur part. La question n’est pas de perdre des matchs, mais c’est le niveau d’engagement, ce qu’on fait au quotidien, l’ADN du club qui sont en jeu. Il faut apprendre à aimer le club. Moi-même, je suis de nulle part puisque je ne suis pas Breton (il a travaillé à Lorient), j’étais considéré comme un Français en Colombie et comme un Colombien en France. La meilleure façon de s’adapter, c’est de connaître un territoire. La fierté de son club est très présente ici, actuellement on est à l’opposé de la fierté.
« Un match difficile à Lorient »
Comment se relever à Lorient ?
Ce sera un match très difficile, Lorient a accroché le PSG et battu Monaco et Rennes. Nos contenus ne sont pas bons et la période est difficile. La direction s’implique dans la réflexion de comment peut-on accompagner le sportif, Flo, Franck et son staff pour que le contenu s’améliore. On a quand même 17 points après 13 journées, il y a eu des saisons où on en avait moins à pareille époque. Nous sommes actuellement l’équipe qui concède le plus d’occasions en L1, celle qui encaisse aussi le plus de buts sur coups de pied arrêtés. On sous-performe clairement, il faut trouver comment recréer de la confiance. On a manqué d’efficacité à Porto mais on a eu des opportunités. Malgré la débâcle contre Marseille, on a vu aussi du mieux dans les récupérations hautes. Maintenant, il faut passer un autre cap, vite basculer à autre chose. L’équipe a déjà démontré par le passé qu’elle savait se relever après des défaites en coupe d’Europe.
Nice a perdu au Havre, à Brest et Metz. Ne craignez-vous la menace de la relégation en cas de mauvais résultat à Lorient ?
Je ne pense pas qu’il faille tomber dans le catastrophisme. Dans l’effectif, il y a de la qualité, je le répète. En l’état, le coach a dit qu’il regardait plus vers le bas du classement que vers le haut. Il a raison, on ne doit plus parler des objectifs de début de saison. Mais se concentrer match après match. Il faut faire preuve d’humilité, tout peut aller très vite dans le foot. Mais je ne pense pas que se projeter dans des situations anxiogènes soit bénéfique.