Le tribunal administratif a condamné la ville de Bordeaux pour son inaction dans la lutte contre les nuisances sonores du quai Louis XVIII, où cinq bars sont installés successivement.

Coup de tonnerre pour les terrasses bordelaises. Le tribunal administratif a donné deux mois à la mairie de Bordeaux pour ramener le bruit au niveau réglementaire sur le quai Louis XVIII, où cinq établissements se succèdent sur une cinquantaine de mètres, près de la place des Quinconces. La ville devra également verser 5000 euros d’indemnités à un riverain, Alban Colomès, à l’origine de la plainte, ainsi que plus de 5600 euros de frais d’expertise.

Le riverain avait déjà attaqué plusieurs fois la mairie depuis 2017. Cette fois-ci, des mesures acoustiques réalisées par un expert ont été déterminantes dans la décision du tribunal. Lors des mesures effectuées dans le salon familial d’Alban Colomès, le niveau sonore atteignait deux fois le seuil légal, et était «généré exclusivement par les discussions et cris des clients sur les terrasses», selon l’expert judiciaire. Les cinq bars en question ferment en général entre minuit et 2h du matin.

Cinq bars successifs sont installés sur le quai Louis XVIII, dans le centre-ville de Bordeaux.
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Le tribunal a pointé du doigt l’inefficacité des interventions municipales : les vérifications des terrasses, la présence quotidienne de la police municipale et les tentatives de médiation n’ont pas permis de réduire les nuisances sonores. Le jugement souligne que cette carence dans l’exercice des pouvoirs de police «engage la responsabilité de la mairie».

«La vie en centre-ville est un choix, et nous sommes très à l’écoute des riverains qui subissent des nuisances. On se doit d’assurer la bonne cohabitation entre les commerces et les habitants», rappelle Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité, la prévention de la délinquance et la médiation. «La décision du tribunal administratif est étudiée par nos différents services. On se réserve le droit de faire appel», souligne l’élu.

La mairie va renforcer les contrôles

«Sur ce cas précis, les autorisations de terrasses datent d’avant le mandat du maire. Il y a eu des mutations de commerces, avec des restaurants qui sont devenus des bars. En 2024, un défaut acoustique sur l’un des établissements du quai Louis XVIII a été relevé et a été réglé rapidement. Il y a 1090 terrasses à Bordeaux, et seulement une dizaine qui peut occasionner des nuisances, on agit dès qu’on a des signalements», assure-t-il.

La mairie annonce que des contrôles de la conformité des droits de terrasses sur ces cinq établissements vont être effectués dans les prochains jours, et que des passages renforcés vont être réalisés par la police municipale, en journée et en soirée, «pour faire une photographie de ce qu’il se passe», selon Marc Etcheverry.

Les propriétaires de ces établissements seront par ailleurs convoqués la semaine prochaine à l’hôtel de ville, en présence de représentants de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de la Gironde.