Un nouveau médicament offre pour la première fois depuis 30 ans un espoir concret de protection rénale aux patients atteints de diabète. Décryptage.

 

C’est peut-être une petite révolution médicale pour des milliers de patients. Pour la première fois depuis plus de 30 ans, un médicament montre une réelle efficacité pour protéger les reins des personnes atteintes de diabète de type 1. Son nom : la finérénone. Et selon une étude internationale, il pourrait changer la vie de patients longtemps laissés de côté par la recherche.

C’est le pharmacologue clinique Hiddo Lambers Heerspink, de l’université UMCG qui dirige cette étude. Il présente les premiers résultats lors de la séance d’ouverture de la conférence de l’American Society of Nephrology à Houston, le 6 novembre dernier. Un moment très attendu. Car jusqu’ici, contrairement au diabète de type 2, aucun nouveau traitement n’avait montré d’efficacité chez les patients atteints de diabète de type 1 souffrant d’insuffisance rénale chronique. « La finérénone est aujourd’hui le premier nouveau médicament efficace et sûr pour ce groupe de patients depuis plus de 30 ans », résume le chercheur dans un communiqué, qui plaide pour qu’il soit « inscrit dans les directives relatives au traitement du diabète de type 1 ».

Les reins fragilisés : un problème majeur

Dans le monde, près de 9 millions de personnes vivent avec un diabète de type 1. Une maladie auto-immune qui entraîne un déficit en insuline et une forte augmentation du taux de sucre dans le sang. Un tiers à près de 40 % des patients développe une insuffisance rénale chronique, parfois dès les 15 premières années de la maladie. Et avec elle, un risque largement accru de maladies cardiovasculaires.

Depuis des décennies, la prise en charge repose sur l’hygiène de vie, la régulation du glucose et des médicaments antihypertenseurs. Mais rien de réellement nouveau pour ralentir la détérioration des reins. Un constat d’autant plus inquiétant que « la mortalité et la morbidité dans ce groupe restent élevées ».

Un critère révélateur : la perte de protéines dans l’urine

Pour tester la finérénone, les chercheurs se sont concentrés sur un indicateur clé : l’albuminurie, c’est-à-dire la quantité de protéines excrétées dans l’urine. Une méthode qui permet d’évaluer la protection rénale beaucoup plus tôt que l’attente d’une dialyse ou d’une greffe. « La perte de protéines dans l’urine (albuminurie) est le meilleur indicateur possible d’une protection rénale précoce et mesurable », rappelle l’équipe scientifique.

Une diminution d’un quart en six mois

L’étude a suivi 242 patients atteints de diabète de type 1 et d’insuffisance rénale chronique pendant six mois. Résultat : la quantité de protéines dans leur urine a diminué d’environ un quart. Une réduction significative, synonyme de ralentissement de l’atteinte des reins. Le médicament a aussi été « sûr et bien toléré, à l’exception d’une légère élévation du taux de potassium dans le sang ».

La finérénone agit en bloquant le récepteur de l’aldostérone, une hormone qui régule l’équilibre hydrosodé et donc la pression artérielle. Jusqu’ici, ce médicament avait montré des résultats convaincants chez les patients atteints de diabète de type 2, en protégeant à la fois les reins et le cœur. L’étude dévoilée aujourd’hui montre qu’il pourrait être tout aussi bénéfique chez les patients de type 1.

Un symbole et un nouveau chapitre

Au total, 82 hôpitaux de neuf pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord ont participé à cette étude. Pour le professeur Hiddo Lambers Heerspink, pas de doute : « les résultats de cette étude offrent de l’espoir aux patients atteints de diabète de type 1 ». Et ils envoient un message au monde de la recherche : il est temps d’intégrer davantage ce groupe de patients dans les études cliniques, longtemps écarté de peur des effets secondaires.

Si la tendance se confirme dans les prochaines phases de recherche, un nouveau chapitre pourrait s’ouvrir pour les malades. Le début d’une ère où le diabète de type 1 ne rime plus automatiquement avec insuffisance rénale.