Par
Thibault Nadal
Publié le
29 nov. 2025 à 8h53
Il n’aura fallu que quelques jours pour que le quotidien de Florent et de sa famille bascule. « Depuis trois semaines, tous les soirs, je vais dormir dans mon salon plutôt que dans mon lit, avant d’y revenir au milieu de la nuit une fois qu’on entend plus de bruit », raconte le jeune père de famille. La raison ? La chambre de son appartement donne directement sur L’Huilerie, un nouveau bar géant de 600 m2 qui a ouvert ses portes dans le 6e arrondissement de Marseille. Depuis la soirée d’inauguration le 31 octobre dernier, plusieurs voisins, issus des multiples résidences qui entourent l’établissement, dénoncent avec force des nuisances répétées et un quotidien bouleversé. « Notre vie a radicalement changé », ose même Hélène, dont la terrasse est aux premières loges.
Une ouverture soudaine qui a surpris
Dans ce quartier situé à deux pas du Vieux-Port, deux réalités s’affrontaient. Un côté plutôt bruyant sur le boulevard Notre-Dame, la place de la Corderie, le cours Pierre Puget et la rue de la Paix Marcel Paul, mais un calme presque inédit pour un centre-ville sur le côté cour.
Mais depuis le 31 octobre, cette réalité a été totalement chamboulée par l’arrivée de L’Huilerie, un nouvel établissement, ouvert du matin au soir, voire jusqu’au milieu de la nuit le week-end. Dès le départ, les voisins ont été fortement surpris par cet acteur qui a ouvert ses portes du jour au lendemain.
Car les problèmes sont multiples : sur la voie publique, le stationnement des véhicules gêne considérablement la circulation, comme a pu le constater actu Marseille dans plusieurs vidéos filmées par des habitants. Un soir, un bus est même resté bloqué, nécessitant l’intervention des équipes techniques de la RTM.
« On est sur le qui-vive »
Mais ce qui dérange le plus les riverains, ce sont les nuisances sonores. À tel point que certains ont adopté des mesures radicales pour y faire face… ou les esquiver. « Les trois premiers week-ends, on est partis chez mes parents », raconte Florent. Hélène explique ne plus « pouvoir utiliser sa terrasse ». Enfin, Marion s’inquiète pour le sommeil de ses deux fils âgés de 11 et 14 ans, dont les chambres se situent juste au-dessus du bar.
Car avant la vague de froid qui touche Marseille depuis plusieurs jours, les voisins qui ont, en un mois, monté un collectif et lancé une pétition, déploraient la présence massive de personnes sur la terrasse extérieure. « C’est une véritable caisse de résonance », expliquent-ils.
L’Huilerie est située en plein milieu de plusieurs bâtiments résidentiels. Sa terrasse extérieure est « une énorme caisse de résonance », selon plusieurs voisins. (©TN / actu Marseille)
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D’autres s’insurgent contre les shows musicaux proposés par des DJ, notamment du jeudi au samedi. « Même les fenêtres fermées, on entendait les boums boum, donc nous sommes obligés de nous barricader », assure Hélène. Pour tenter de dormir, elle a acheté des boules Quies.
Des préjudices financiers…
Mais ces premières mesures n’ont pas du tout suffi pour permettre aux habitants de retrouver un certain calme. Alors, certains ont décidé d’investir. C’est le cas de Jacqueline, retraitée, qui vit dans un studio. « J’ai fait un survitrage depuis l’ouverture de L’Huilerie », dit-elle, désespérée.
Florent, lui, se dit « prêt à investir pour sa tranquillité ». Mais aujourd’hui, toutes les personnes interrogées révèlent qu’elles « envisagent » de partir face « à ce changement de vie dans le quartier ». Ce qui serait un crève-cœur pour cette dernière.
Ça me déchire le cœur, car on a fait des travaux durant plusieurs années.
Marion
Habitante dénonçant les nuisances de L’Huilerie
Toutefois, partir ne sera pas chose aisée, selon les habitants. « C’est impossible de vendre à des particuliers », concède Florent qui précise que le bien de sa voisine du dessous, a déjà perdu un tiers de sa valeur.
Seule Jacqueline est certaine de ne pas déménager, en raison de ses petits moyens. « J’ai l’intention de me battre pour retrouver du calme ». Plusieurs plaintes ont ainsi été déposées par des habitants.
…Et une angoisse grandissante
Tous affirment être « angoissés par une situation qui [les] dépasse ». « On est sur le qui-vive », poursuit Hélène.
Selon eux, le pire est à venir. Tous confient redouter l’arrivée des beaux jours. « Cette cour est un véritable îlot de chaleur, donc on doit ouvrir les fenêtres », explique Jacqueline. Avec le bruit, la retraitée craint de ne pas pouvoir, sauf que son logement ne dispose que d’une seule fenêtre qui donne sur L’Huilerie. « Ça va être infernal », craint-elle.
Le gérant de L’Huilerie se défend
Face à ces attaques répétées depuis presque un mois, Benjamin Clair, le gérant de L’Huilerie, annonce à actu Marseille avoir pris contact avec un avocat pour se défendre.
Mais bien avant ce rendez-vous qui se tenait ce vendredi 28 novembre, l’homme d’affaires qui dit « faire preuve de bonne volonté et vouloir faire des efforts », assure avoir déjà pris de nombreuses mesures pour faire cohabiter son établissement et le voisinage. « Je suis là pour que tout le monde vive bien. »
Il explique avoir « repris l’isolation sur certaines parties du toit », « réduit la taille des enceintes », « commander du double vitrage phonique » ou encore « désolidariser le plancher ». « J’ai fait venir un huissier pour qu’il constate le bruit et mesure les décibels », ajoute-t-il, précisant également avoir obtenu toutes les autorisations préalables à l’ouverture de son établissement.
Enfin, un dernier projet est à l’étude pour permettre une insonorisation de la terrasse extérieure. À cette occasion, L’Huilerie pourrait d’ailleurs fermer une semaine en janvier 2026.
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