À travers chacune de ses réalisations, Helena Sandman défend une architecture durable, esthétique et profondément… empathique ! Plus qu’une simple bâtisseuse, son architecture fait d’elle une véritable tisseuse de liens.
Portrait d’une architecte profondément inspirante
Depuis 20 ans déjà, Helena Sandman trace un parcours architectural qui ne ressemble à aucun autre. Formée à l’université de technologie d’Helsinki où elle obtient un master en architecture, puis à l’université Aalto qui la propulse docteure en arts, elle s’engage très tôt dans des projets à forte dimension sociale. En 1996, encore étudiante, elle part au Sénégal avec d’autres étudiants (dont les architectes Saija Hollmén et Jenni Reuter) relever un défi d’architecture : un centre pour des associations féminines de Rufisque, projet marquant et fondateur, récompensé par le prix Bauwelt en 2003.

Helena Sandman, une architecte profondément humaine et… empathique. © Helena Sandman
En 2007, elle co-fonde l’ONG Ukumbi et le cabinet Hollmén Reuter Sandman Architects avec Jenni Reuter et Saija Hollmén – avec l’ambition de permettre aux populations vulnérables d’accéder à des espaces de vie, en les impliquant dans le processus de conception.
Depuis 2009, elle enseigne à l’université Aalto et contribue également à Leapfrog Projects, un cabinet de conseil qu’elle a co-fondé dédié aux initiatives durables. Son travail l’amène régulièrement en Afrique, mais aussi en Asie et en Europe, où elle mène projets et conférences.
L’empathie, au cœur de l’approche architecturale d’Helena Sandman
« En concevant avec empathie, conscience et amour de la vie, nous pouvons créer des espaces et des bâtiments qui favorisent les liens entre les personnes et ont un impact positif sur leur environnement », déclarait Helena Sandman lors d’une conférence à l’université de l’Illinois en octobre 2024.
Pour l’architecte, l’empathie peut prendre trois formes :
- l’empathie à distance où l’architecte observe l’utilisateur, concentré sur son projet, au risque parfois de s’éloigner de ses besoins réels ;
- l’empathie engagée où les concepteurs restent en « arrière-plan » et entrent en contact avec les usagers pour mieux adapter leur architecture ;
- l’empathie en profondeur où l’architecte et les habitants co-créent véritablement l’espace, dans un échange continu profondément ancré dans la culture locale.

Pour mener à bien son travail d’architecte, Helena Sandman s’imprègne de la culture, des besoins, des sentiments, de la vision des populations locales, comme ici à Zanzibar. © Helena Sandman
Cette dernière approche est certainement celle qui caractérise le mieux le travail d’Helena Sandman. Comme elle le souligne, « en combinant ces registres, les architectes, les habitants et les autres parties prenantes imaginent, observent, s’engagent les uns avec les autres, partagent leurs expériences et acquièrent finalement la possibilité de former une compréhension collective, quel que soit le contexte de la conception ».
Le saviez-vous
Helena Sandman est aussi une designer de talent ! Elle a notamment créé des lanternes en glace avec l’artiste Robert Barry, imaginé des nichoirs pour un parc de Logroño en Espagne, afin de permettre aux oiseaux de réinvestir la ville, et pensé une installation cubique de 60 centimètres à partir de racines échouées sur les plages du sud de la Finlande.
Quelques œuvres d’Helena SandmanLe Centre des femmes de Rufisque, Sénégal (2001)
Projet d’études grandeur nature mené avec Saija Hollmén et Jenni Reuter, ce centre d’accueil destiné aux femmes vise protection, stabilité et développement économique. Son design a été axé sur le réemploi, le recyclage et l’utilisation de matériaux locaux – à l’exception du bois, trop rare dans la région.

Le centre de Rufisque, inspiré par la culture et l’héritage sénégalais. © Juha Ilonen
Ce projet a orienté l’ensemble de la carrière d’Helena Sandman et inspiré de nombreux architectes !
Foyer Shelter Kwieco, Tanzanie (2015)
Conçu en collaboration avec les architectes Saija Hollmén et Jenni Reuter pour l’association Kwieco qui aide les habitantes à se reconstruire grâce à l’apprentissage, à la formation professionnelle et aux conseils juridiques.

Ce foyer apporte un espace sécurisant aux personnes accueillies. © Helena Sandman
Il a été construit avec des matériaux locaux pour limiter son empreinte écologique et dans le respect de la culture, du climat et des habitudes quotidiennes des Tanzaniens.
Maternité, Zanzibar, et Basta, Inde (2016 et 2018)
Helena Sandman a dirigé l’équipe de conception architecturale de ces maternités pour l’entreprise à impact social Scope Impact, avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates. L’objectif est avant tout de prévenir la mortalité infantile et maternelle tout en améliorant l’accès aux soins.

L’intérieur de la maternité de Zanzibar, gracieusement fourni par Helena Sandman. © Helena Sandman
La rénovation à Basta et la construction à Zanzibar privilégient un environnement sûr, serein et culturellement adapté aux mères.
Auberges Lyra, Tanzanie, (de 2018 à 2025)
Entre 2018 et 2025, six dortoirs ont été créés au sud du pays par Hollmén Reuter Sandman Architects avec l’association Lyra in Africa.

Helena Sandman et son équipe ont développé un modèle socialement, économiquement et écologiquement durable pour ces foyers pour jeunes filles. © James Kasela
Construits à partir de blocs de terre stabilisée emboîtables, ces auberges, destinées uniquement aux jeunes filles, leur offrent un lieu sûr, propice aux études et à la création de liens.
À noter
Guidée par cette empathie qui structure sa démarche, Helena Sandman poursuit son engagement architectural. Elle participe actuellement à la modernisation d’établissements de santé et d’écoles en Inde et au Kenya pour optimiser leur résistance face aux aléas dus au changement climatique. Elle développe d’autres projets en Finlande, en Tanzanie et en Afrique du Sud, centrés sur l’emploi des matériaux durables.