Le rap, Graya le connaît bien. Le trentenaire, fort de quatre albums – dont un gratuit – et de nombreux singles, est actif depuis le début des années 2010.

Son thème de prédilection ? Son quartier, niché dans les hauteurs de Marseille, qui compte environ 4 000 habitants. Même si cette cité traîne la triste réputation d’être en proie aux trafics de drogue depuis de nombreuses années, La Castellane est aussi un lieu d’échange et de partage que le rappeur souhaite mettre en avant.

« C’est un quartier que j’ai vu évoluer et qui m’a vu évoluer. Il y a des gens qui se lèvent et qui vont travailler tous les jours à La Castellane. Eux (les médias) préfèrent montrer que les dealers de drogue« , déplore le rappeur.

Malgré tout, Graya reconnaît, à son image, comme il le décrit dans Défavorisé, que les jeunes de La Castellane se retrouvent vite pris au piège de la rue. « C’est malheureux, mais de nombreux jeunes d’ici sont obligés de faire ça pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. »

La « vengeance personnelle » de Graya, c’est justement cet album. Dès le premier son, Tour du monde, le rappeur chante la rue sans détour et ses conséquences, accompagné de quelques notes de piano.

Repartir à zéro, en frappant fort

Le monde de la musique peut aussi réserver de mauvaises surprises, même à ceux qui en connaissent les rouages. « Je voulais repartir à zéro, car j’étais en procédure avec mon ancien label pour le quitter. Ça s’est très mal passé », confie-t-il.

Repartir à zéro, mais en frappant fort. Parmi les feats, la fine fleur du rap français : TK, Hornet La Frappe, ou encore le Parisien Ninho, avec qui Graya signe Brouncha, un hymne à la fête accompagné par le « Papé » Alonzo. « Ninho, ça fait des années qu’on se connaît, Alonzo aussi, et Jul aussi », dit-il.

En effet, « La Machine » est à l’affiche de l’album dans un son au refrain chantant, Mon sang, et ce n’est pas la première collaboration des deux Marseillais. Déjà en 2013, Graya, avec son premier groupe GGN, signait Marseille quartier nord (qui culmine aujourd’hui à 17 millions de vues sur YouTube) avec un jeune Jul qui venait à peine de débouler dans le game. « Je savais qu’il irait loin. À l’époque, il était acharné. On était tous en train d’écrire ; lui est arrivé, il avait déjà son couplet, » se souvient Graya.

À cette époque, où le rap était moins mainstream, le « hardcore » était de mise pour le rappeur de La Castellane. « Nous, on a grandi là-dedans : Booba, Rohff… tout le monde criait. Maintenant, les gens écoutent des sons plus courts et plus chantonnés, mais moi je surkiffe, il faut savoir s’adapter. »

Malgré tout, Graya n’oublie pas ses origines musicales, et parmi les 16 titres – notamment dans Malfrat ou Danse – on peut entendre « Biggie » (en référence à Notorious B.I.G., le rappeur new-yorkais) découper les instrus avec des punchlines bien senties, et sa voix rocailleuse qui a fait son succès.