Ambassadeur du rap
V. Josse : On sent que vous avez envie de faire aimer le rap.
Giorgio : Le rap m’a sauvé, c’est une musique que je défendrai toute ma vie.
V. Josse : Il y a un effort de pédagogie à faire ?
Giorgio : Oui, c’est une musique qui vient de milieux populaires avec énormément de personnes racisées. C’est aussi une musique encore relativement jeune. Pour toutes ces raisons, c’est une musique victime de clichés, qu’il faut défendre.
Rap introspectif
V. Josse : Votre rap n’est pas associé à la castagne, c’est plutôt un rap qui reflète vos états d’âmes.
Giorgio : J’essaie de proposer un rap sincère. Ce qui m’intéresse dans cette musique, c’est le sentiment d’identification. Avant d’être un rappeur, je suis un fan de rap. J’essaie de faire en sorte que l’on puisse s’identifier et se reconnaitre. C’est une musique ancrée dans le réel, on cite des personnages politiques, des sportifs, des artistes du moment. C’est très important car c’est une musique du quotidien.
V. Josse : Vous citez aussi des artistes d’un autre temps, comme Aznavour.
Giorgio : Oui, il y a un mélange de références très actuelles et d’autres plus anciennes, mon grand-père paternel est un grand fan d’Aznavour
Giorgio, Nov. 2025 © Radio France – Vincent Josse
« J’essaie de faire en sorte que l’on puisse s’identifier et se reconnaitre »
Déscolarisation
V. Josse : Vous quittez l’école en 4ème, qu’est ce qui n’allait pas ?
Giorgio : J’ai eu un parcours chaotique. A quatorze ans, je ne trouvais pas ma place, je m’ennuyais profondément au point de vouloir arrêter, c’était devenu insupportable.
V. Josse : Et puis vous y retournez un peu plus tard
Giorgio : Oui, toute l’administration scolaire m’a entouré, on m’a obligé à voir un psy, moi qui souhaitait être discret, j’étais très gêné de cette situation, c’était pire que d’aller en cours. Après, j’ai repris les cours jusqu’au bac et j’ai enchainé plein de petits métiers, comme livreur. Et puis le rap était déjà dans ma vie. A vingt et un ans, le fait de vivre de ma passion, même modestement, valait tout l’or du monde.
Écrire
V. Josse : Vous écriviez du rap depuis vos quinze ans.
Giorgio : Il y a un prisme d’écriture dans mon cerveau, toute situation peut m’influencer pour une chanson.
Featurings
V. Josse : Vous aimez collaborer avec d’autres, c’est fréquent dans le rap.
Giorgio : J’ai toujours vu la musique comme un partage avec les auditeurs mais aussi entre artistes. Mélanger des univers, des champs lexicaux, des voix…. Sur un album, cela donne des respirations.
Gloria
V. Josse : C’est votre 6ème album en dix ans de carrière, vous avez trente-deux ans. Le disque fait suite à la mort de votre père. Vous aviez besoin d’écrire sur vous, sur le manque et sur votre relation à votre père ?
Giorgio : C’est un album né après le décès de mon papa, mais c’est un disque assez nuancé. Au départ, il y n’y avait pas la place pour la musique, il n’y avait que la tristesse et la colère. Peu à peu, un second souffle de vie est arrivé, le sentiment qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, celui d’être vivant.
V. Josse : Que s’est-il passé pour que la joie revienne ?
Giorgio : Le temps joue pour beaucoup. Je me suis fait aider aussi par une psychologue pour comprendre et accepter la situation et faire mon deuil. La joie revient lorsque on accepte et que le déni et la colère passent.
V. Josse : Pourtant, on dit souvent que le rap naît de la colère, encore un cliché ?
Giorgio : Encore un cliché.
Processus créatif
Giorgio : Au départ, il y a un instru, de la musique qui m’inspire le flow qui ne vient pas forcément de moi et ensuite j’écris. Cela peut partir d’un mot qui entraine une idée. Parfois, cela nait d’une émotion, d’autres fois d’une image. Je ne me regarde pas écrire, ce n’est pas si facile de décrire le processus. Souvent, j’envoie mes morceaux à ma mère qui me donne son avis, elle est très sévère, c’est difficile, elle me peine parfois, mais cette sincérité compte beaucoup. Le succès peut entrainer des avis tronqués, c’est dangereux.
Découvrez la suite à l’écoute de l’émission…
La Playlist
- GEORGIO Le temps n’emporte rien
- NESSBEAL 10 000 questions
- MIKI Ca pik un peu quand même
- ZAHO DE SAGAZAN Est-ce que tu vas bien ?
- JUNGLE JACK & HOLOGRAM LO’ Stuntman jack
- GEORGIO Sans toi
Actualité
- « Gloria », album disponible depuis le 10 octobre, chez Panenka music
- Instagram de l’artiste
- En tournée dès décembre 2025 et le 31 janvier à l’Adidas Arena – Paris –