Personne n’a été surpris quand, arrivant d’un passé lointain, l’information est tombée : “Il y avait des snipers italiens à Sarajevo, venus faire des safaris humains.” La nouvelle avait comme un air de déjà-vu, ou plutôt de “déjà-entendu”. À ceci près, toutefois, que les snipers en question étaient “italiens”, ce qui était plus précis que l’épithète “européens”, plus générique, à laquelle on avait été habitués. Mon téléphone sonne à tout bout de champ depuis lundi [10 novembre], jour où l’information a été diffusée. “Gigi, toi qui étais à Sarajevo, c’est vrai, cette histoire ?” Pour couper court, je ne sais pas si elle est vraie, mais elle est en revanche plausible – on est plus ici dans le domaine du probable que du possible.
Les guerres des Balkans des années 1990 étaient si proches de nous, et les armées si décaties, qu’il était possible de se rendre sur le front en voiture, sans les contrôles systématiques que les armées plus structurées mettent en place pour isoler les théâtres d’opérations et les scènes de leurs exactions. Ce qui donnait lieu, presque partout et même dans les zones les plus sensibles, à un chassé-croisé de personnages de tout acabit : des mercenaires, des aventuriers, des fugueurs, des margoulins, des profiteurs, des pacifistes qui voulaient mettre des fle