La ville d’Orbey (Haut-Rhin) a officiellement cédé à l’État les sites – emblématiques pour les habitants du secteur – du lac Blanc et du lac Noir. L’objectif est d’y construire une infrastructure de stockage d’énergie électrique.
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Le lac Blanc et le lac Noir vont-ils de nouveau compter parmi les sites de production d’électricité du Haut-Rhin ? La ville d’Orbey a en tout cas officiellement cédé les deux sites à l’État, comme l’a annoncé la préfecture jeudi 27 novembre. « L’opération permet désormais à l’État de disposer de l’ensemble des emprises indispensables à la mise en œuvre de la future installation, confirmant sa volonté de consolider la vocation énergétique du site », écrit-elle dans un communiqué.
Cette « future installation » sera en fait une « station de transfert d’énergie par pompage » : l’eau du lac Blanc, situé à environ 150 mètres au-dessus du lac Noir, sera turbinée – utilisée pour alimenter un générateur électrique – aux heures de forte consommation, recueillie dans le lac Noir puis remontée aux heures creuses.
La cession du site à l’État n’est que la logique d’une affaire entérinée le 9 avril dernier, quand le conseil municipal d’Orbey avait voté la vente des parcelles concernées. « Il y a eu débat mais globalement on s’est mis d’accord sur le fait qu’il fallait vendre, raconte le maire Guy Jacquey. Nous allons percevoir la taxe foncière bâtie qui découle du projet et la communauté de communes bénéficiera de la taxe professionnelle. »
L’édile assure par ailleurs que « tous les usages actuels des lacs » pourront se poursuivre comme auparavant. « C’était la principale inquiétude des habitants venus à la réunion publique, confie-t-il. Mais il est écrit noir sur blanc dans l’acte notarié que les usages, comme la pêche ou la promenade autour du site, seront préservés. » Les habitants du secteur ne seront pas non plus en terre inconnue, car les deux lacs ont un passif dans le domaine de la production d’électricité.
Le principe de la production hydroélectrique entre les deux lacs a d’abord été imaginé par l’ingénieur alsacien René Koechlin, qui a construit une première usine en 1932. Il n’en reste aujourd’hui qu’un morceau de béton immergé dans l’eau du lac. En 2002, le site a cessé de fonctionner après une deuxième inondation en 70 ans d’histoire.
Les autorités ont ensuite entrepris, entre 2012 et 2014, de démolir ces murs laissés à l’abandon. « Aujourd’hui il ne reste plus rien de l’usine, confirme Guy Jacquey. En revanche, la conduite qui a servi à faire passer l’eau entre les deux lacs est encore là. Il reste donc à construire une nouvelle pompe turbine ainsi que le bâtiment qui l’abritera. »
L’histoire des deux lacs, déjà riche en matière d’hydroélectricité, n’est pas étrangère au choix de l’État. La géographie particulière du lieu a déjà permis d’exploiter la force de l’écoulement de l’eau ici pendant 70 ans. « À l’époque, le site pouvait générer jusqu’à 80 mégawatts par heure, pendant 5 ou 6 heures », précise Guy Jacquey.
Les associations environnementales locales voient aussi d’un bon œil qu’un tel projet s’imagine à partir de l’existant. « C’est à la fois un projet qui nous semble vertueux dans son objectif, car il s’agit d’énergie renouvelable, et dans son procédé, qui part d’aménagements déjà réalisés par le passé, estime Francis Dopff, vice-président d’Alsace nature. Après, il faudra rester vigilant : nous sommes à un jet de pierre d’une réserve naturelle. Tout dépendra de la manière dont le futur exploitant agira. »
L’État français a inscrit l’hydroélectricité dans sa programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028 avec pour objectif une part de 3% de la production nationale d’électricité à l’horizon 2035. Le rachat des deux lacs s’inscrit donc pleinement dans cette stratégie de long terme. Un appel d’offres sera lancé d’ici à la fin de l’année pour un octroi de la concession d’ici mi-2026. « Plusieurs candidats se sont déjà montrés intéressés : Vialis, Total Energies, Gaz de Barr et aussi EDF », confie Guy Jacquey, qui estime cependant que l’usine ne devrait pas pouvoir ouvrir ses portes avant 2030, 2031, voire 2032.