Par

Chantal Pape

Publié le

29 nov. 2025 à 18h00

Notre époque signerait-elle la fin du libre-échange ? « Les accords bilatéraux ont remplacé ceux de l’OMC, l’organisation mondiale du commerce, plus difficiles à trouver maintenant qu’elle compte plus de 160 pays-membres », indique Arnaud Haye. Et l’Union européenne est très active en la matière puisqu’elle en a signé une quarantaine, avec plus de 70 pays ou régions du monde.

Une menace sur la viande de volaille

Les derniers concernent l’Australie et l’Inde, en cours de négociation, ou le Mercosur, qui n’a pas encore été ratifié. « Avec une augmentation des importations à tarif préférentiel de l’ordre de 160 000 t/an au bout de 6 ans, ce dernier fait peser une menace sur la volaille », affirme le chargé de mission économie-emploi à la chambre d’agriculture de Bretagne. Avec 90 000 t/an, la viande bovine devrait être, elle aussi, impactée.

Comme le Mercosur, l’accord commercial avec l’Ukraine va peser sur la volaille européenne, les quotas d’importation devant passer de 90 000 à 120 000 t/an. « Si la menace est faible pour l’instant, cet accord, qui devrait déboucher sur une intégration de l’Ukraine au sein du marché commun, aura des conséquences très fortes, même s’il est prévu un alignement des normes », prévient l’économiste. « L’Ukraine est un grand pays agricole ».

Les USA plus protectionnistes

« Va-t-on assister à un recul de la mondialisation ? » Avec une balance commerciale très déficitaire, les USA ont fait le choix de devenir plus protectionnistes et ont imposé des droits de douane de 15 % aux produits en provenance de l’Union européenne. « Les vins et spiritueux sont très impactés », estime Arnaud Haye. Si l’agriculture et l’agroalimentaire bretons sont peu concernés par cette mesure, n’important que très peu aux USA, une autre devrait avoir plus de conséquences. « L’Union européenne va donner un accès préférentiel à la viande porcine en provenance des USA, 25 000 t pour l’instant ».

Les producteurs de porcs bretons sont aussi victimes du conflit commercial entre la Chine et l’Union européenne. Cette dernière ayant pris des mesures protectionnistes pour limiter l’importation de voitures électriques sur son marché, la Chine a instauré une taxe sur l’importation de viande porcine européenne sur son territoire. « La Chine est le premier client de la France », rappelle Arnaud Haye. Avec une taxe de 20 % sur des pièces non consommées en France, les conséquences n’ont pas tardé à se faire sentir, la cotation au MPF, le marché du porc français, dévissant de 20 % en quelques mois.

Une concurrence intra-européenne

Si la Bretagne agricole et agroalimentaire n’exporte que 10 % de sa production hors de l’Union européenne, il lui faut craindre des effets indirects de ces turbulences sur le marché mondial. « Ce que l’Union européenne ne parviendra plus à exporter se retrouvera sur son marché intérieur et déstabilisera les cours. Il faut aussi craindre une concurrence intra-européenne sur les produits animaux, et notamment la viande de volaille ».

Arnaud Haye est intervenu lors de la session de la chambre d’agriculture du Morbihan, le 18 novembre dernier à Vannes.

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