Depuis mardi, « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public » sont passés au crible à l’Assemblée nationale. Avec le député UDR de l’Hérault Charles Alloncle comme rapporteur.
Depuis ce mardi 25 novembre, une commission d’enquête parlementaire fait l’objet d’un niveau intérêt et d’attention que rencontrent peu de rendez-vous de ce type. Il faut dire que son sujet retient l’attention du plus grand nombre dès son énoncé : « La neutralité, le fonctionnement, et le financement de l’audiovisuel public« .
Autant de questions susceptibles de passionner le plus grand des publics, d’autant plus qu’un très chic casting est annoncé pour être soumis à la question par les élus : de François Hollande à Léa Salamé en passant Élise Lucet, Patrick Cohen, Xavier Niel, Patrick Sébastien ou Rachida Dati, certaines auditions promettent leur lot de moments épicés.
Celle de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions est fixée au 10 décembre, alors que Sibyle Veil, la patronne de Radio France sera entendue le 17 décembre. Entre cinquante et soixante auditions sont ainsi prévues, elles seront toutes filmées et diffusées en direct (*).
Cette commission est née de la volonté d’Éric Ciotti, président de l’UDR (l’Union des droites pour la République), qui l’a proposée dans le cadre du droit de tirage annuel de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
Son initiative a finalement été retenue fin octobre, et elle peut donc désormais se déployer treize semaines durant.
31 députés la composent, avec une représentation proportionnelle au poids des groupes représentés à l’Assemblée nationale, sous la présidence du député Jérémie Patrier-Leitus (Horizons). Qui assurait lundi dans Le Figaro : « Nous ne sommes pas là pour faire le procès de l’audiovisuel public ».
Pour ses détracteurs, une commission « à charge »
Ce qui reste à démontrer estiment nombre d’élus, de gauche essentiellement, hostile à cette commission, qu’ils jugent « à charge ». Tout particulièrement au moment où Radio France et France Télévisions peuvent apparaître comme fragilisés, car se retrouvant régulièrement sur le gril, entre positionnements idéologiques supposés (France Inter trop à gauche, selon ses détracteurs), rapport de la Cour des comptes qui étrille les finances de France Télévisions, ou audiences insuffisantes ou en baisse.
Ces soupçons, le rapporteur de la commission, le député UDR de l’Hérault Charles Alloncle, qui animera les auditions aux côtés du président, les réfutent : « Je ne me suis jamais prononcé sur la nécessité, ou non, de la privatisation de l’audiovisuel public. Je ne rentre pas dans ce débat », répond-il, anticipant les questions de ceux qui voient dans une commission qui pourrait tourner au show médiatique, une rampe de lancement à cette privatisation.
Après tout, cette commission n’a-t-elle pas été souhaitée par un président de groupe allié au Rassemblement national qui appelle justement à cette privatisation ? « Notre seul objectif, c’est de faire toute la transparence sur l’utilisation de l’argent public et du contribuable. Vérifier à quoi il sert, et comment il est dépensé. C’est légitime me semble-t-il » argumente le jeune élu héraultais.
Le rapport dévoilé fin mars, débit avril
Qui rappelle : « Le rapport de la Cour des comptes pointe un bilan désastreux pour France Télévisions, avec 100 millions d’euros de déficit cumulé. Le groupe France Télévisions représente à lui seul près de 70 % du budget annuel de l‘audiovisuel public qui s’élève à quatre milliards. Soit la moitié du budget du Ministère de la Culture… »
Et de pointer certaines données chiffrées dévoilées par les sourcils des enquêteurs de la Cour des comptes, qui, selon lui, méritent éclaircissements et explications de la part des dirigeants du groupe public : « Parce que ces chiffres écœurent les Français. Le salaire moyen à France Télévisions s’élève à plus de 70 000 € brut par an. Et une trentaine de cadres de France Télévisions gagnent plus de 200 000 € par an, plus que le président de la République ! » s’insurgeait-il ce samedi en début d’après-midi, depuis Paris, où il préparait les auditions à venir la semaine prochaine.
Où la commission va prendre son rythme de croisière de quatre à sept auditions par semaine, alors que depuis son lancement mardi, seul le président de l’Arcom, Martin Ajdari, a été entendu. Puis début mars, Charles Alloncle s’attellera à la rédaction du rapport final. Fin mars, début avril, ses conclusions seront dévoilées. Très attendues, d’ores et déjà.
Les auditions sont intégralement montrées sur le site de l’Assemblée nationale. Celles parmi les plus attendues seront retransmises sur LCP, la chaîne parlementaire.