Alain, 72 ans, n’a jamais entendu parler du manga One Piece, mais il était lui aussi élève à l’école primaire Arenc Bachas (15e) en 1963, « sous la présidence de De Gaulle ». Membre de la chorale en son temps comme Malak, 8 ans, même s’il ne connaît pas par cœur les chansons de Pierre Garnier à l’image de la petite fille, « revenir dans cette école lui rappelle des souvenirs ».

En ce 27 novembre 2025, l’objectif est simple : faire se rencontrer des seniors et de jeunes enfants, du CE2 au CM2. Tisser du lien pour ensuite créer une bande dessinée à partir des anecdotes d’enfance des aînés. Autour d’un déjeuner et d’un atelier où les plus jeunes interrogent les anciens sur leurs souvenirs de Marseille à 10 ans, les carapaces tombent et chacun se raconte.

Anecdotes d’enfance

« Notre plage préférée ? Les Catalans, répondent en chœur Alain et Aline, 74 ans, ancienne de la Marine Nationale. On y descendait en cachette à la corde, car l’accès était payant à l’époque », se marre le septuagénaire, engoncé dans sa polaire rouge.

Riad, Aline et un autre élève de l’école Arenc Bachas (15e) durant le déjeuner partagé.Riad, Aline et un autre élève de l’école Arenc Bachas (15e) durant le déjeuner partagé. / Photo Anouk Besnier

Sous le regard ébahi des plus jeunes, assis en bout de table, Henri, sous ses airs de gros dur, revient sur ses regrets de vie : « Pour faire plaisir à mes parents, j’ai suivi un cursus de prothésiste dentaire, avec succès. Mais à la fin, j’ai tout arrêté pour me lancer dans la maroquinerie, ma vraie passion. » Friands des histoires du quartier de Bougainville, les petits cherchent en eux des exemples et des conseils de grands.

L’OM, facteur commun

Malgré les disparités liées à l’âge, c’est l’OM qui rassemble. Aline, parisienne d’origine, est tombée amoureuse de Marseille grâce à un match en 1992 et « n’est jamais repartie ». Une ferveur qu’elle partage avec Riad, 9 ans, passionné de dessin et de foot, et qui leur permet de se comprendre. Timide au premier abord, le fan de One Piece s’est attaché à l’ex conductrice de navire militaire et grand-mère de substitution, comme en témoignent les trois dessins qu’il lui a offerts.

Dessin de Riad, 9 ans.Dessin de Riad, 9 ans. / Photo Anouk Besnier

Durant ce temps d’échange, organisé par l’association La fabrique du Nous, le Centre communal d’action sociale (CCAS) et les animatrices périscolaires Ambrine et Samire, les histoires des anciens médusent les plus jeunes, laissant présager une bande dessinée haute en couleur. La jeunesse d’hier et d’aujourd’hui partage encore plusieurs centres d »intérêts bien marseillais.