La fréquentation des aéroports français accuse un net repli, en partie lié à une nouvelle fiscalité sur les billets d’avion. Depuis mars, un alourdissement des taxes pèse sur les compagnies aériennes et les voyageurs. À l’échelle nationale, ce phénomène commence à faire émerger des signaux d’alerte du côté des aéroports, en particulier en régions.
Si les raisons invoquées sont économiques, les conséquences soulèvent des questions plus larges : attractivité des territoires, choix de transport et poids des arbitrages politiques.
Une fiscalité renforcée qui freine les programmes de vol
Depuis le mois de mars, la taxe de solidarité sur les billets d’avion, aussi appelée TSBA, a été triplée. Cette hausse se traduit par un surcoût de 4,77 euros par billet pour les vols intérieurs ou européens au départ de la France. Sur les trajets long-courriers en classe affaires, la majoration atteint jusqu’à 120 euros par trajet. Cette évolution réglementaire a des effets directs sur l’organisation des compagnies aériennes, qui revoient leur offre à la baisse.
Des transporteurs comme Ryanair ont ainsi décidé de réduire leur présence en France. La compagnie a annoncé dès juillet une diminution de 13 % de sa capacité sur le territoire, soit 750 000 sièges supprimés pour la saison d’hiver. Trois aéroports régionaux, Strasbourg, Bergerac et Brivem ne seront plus desservis par la compagnie à bas coût. L’Union des aéroports français, qui tenait son congrès annuel à Paris, relie explicitement cette contraction du trafic à l’alourdissement de la fiscalité aérienne. Le Figaro rapporte que l’organisation recense déjà 630 000 passagers en moins sur la saison hivernale, et prévoit 750 000 absences supplémentaires au printemps-été 2026 si la tendance se confirme.
Un trafic encore en dessous des niveaux d’avant-crise
La France peine à retrouver son niveau de trafic aérien d’avant la pandémie. En 2024, le volume de passagers reste inférieur de 4 % à celui de 2019, selon les données de l’UAF relayées par Le Figaro. Cette stagnation contraste avec les dynamiques observées dans d’autres pays européens, où l’offre de sièges au départ connaît une progression plus marquée. En France, elle n’augmente que de 1,5 %, contre 4,5 % en moyenne dans le reste du continent.
Ce décalage alimente les inquiétudes sur la compétitivité du secteur aérien français. Pour Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français, les décisions fiscales pèsent désormais sur la capacité d’attraction du pays. Il alerte sur un phénomène de décrochage structurel, avec des effets potentiels sur l’économie locale et la connectivité des régions.
Si les plateformes d’Orly et Roissy, non incluses dans l’étude de l’UAF, concentrent encore la moitié du trafic national, les autres aéroports voient leur position fragilisée. Derrière ces chiffres se dessine une réalité plus large : celle d’un secteur en ajustement, pris entre objectifs de transition écologique et réalités économiques.