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La gare d’Orléans et le faisceau ferroviaire irriguant la Bastide en 1960.
Collection particulière Patrice Durbain
De ce faisceau, subsistait ces dernières années un sillon d’une dizaine de voies au plus large entre le pont de la Souricière, à la limite de Bordeaux et Cenon, jusqu’à l’avenue Abadie. Près de cette dernière et dans le cadre d’un processus de cession entre la SNCF et Bordeaux Métropole (BM), fini en 2018 sur 78 hectares de l’agglomération, une première petite parcelle était libérée dans la foulée dans le périmètre de la ZAC Bastide-Niel. Cet automne, une nouvelle étape est franchie rive droite avec la vente d’1,2 hectare à BM pour 1,23 million d’euros, entre le pont Bouthier et la rue Lajaunie.

Un chantier de 4,8 millions d’euros réalisé cet automne 2025.
Photo Fabien Cottereau / SO
7 000 m de voies, 1 000 de traverses
« Depuis le 9 septembre, nous avons procédé à la dépose des traverses et l’évacuation des remblais, à la récupération du patrimoine constitué des appareils de manœuvre et d’aiguillage ou de signalisation mécanique », explique Boris Nicollet, le pilote de l’opération pour SNCF Réseau, maître d’ouvrage de travaux sur 1,8 km et préalables à la cession. « Les traverses seront retraitées, les cailloux revalorisés dans la construction », ajoute le technicien. Le groupe NGE et ses filiales sont les maîtres d’œuvre d’un chantier de 4,8 millions qui se terminera le 4 janvier. Quelque 7 000 mètres de voies et 1 000 de traverses sont concernés sur ce sillon (presque) désaffecté.

7 000 m de voies et 1 000 de traverses ont été retirées.
Photo Fabien Cottereau / SO
Presque, en effet : depuis de nombreuses années, un seul site industriel est encore raccordé au faisceau. La minoterie des Grands moulins de Paris (GMP), depuis 1924 entre quai de Brazza, rue Cousteau et rue des Queyries, est approvisionnée en blé chaque semaine via un train d’une vingtaine de wagons. L’entreprise, qui emploie une soixantaine de personnes, n’a aucune intention de quitter le quartier et a toujours avancé les dizaines de camions qui remplaceraient cette desserte ferroviaire.

Le train de céréales dans l’enceinte des Grands Moulins de Paris en décembre 2017.
Thierry David / SO
Le Mohican GMP
« Ce train hebdomadaire effectuait son ‘‘tête à queue’’ au-delà du pont Bouthier vers la Garonne, un secteur cédé à la ZAC Bastide-Niel », rappelle Boris Nicollet. « Nous avons donc aménagé cette zone de retournement plus en amont sur deux voies de 600 mètres environ. » Sept semaines de coupure pour GMP et une desserte toute neuve pour ce début du mois de novembre. Au même niveau, a été aménagé un passage cendré pour piétons et vélos à pied, entre rue des Queyries et le collège Galin de l’autre côté de l’emprise.

Le passage aménagé en ce mois de novembre entre le secteur Galin et la rue des Queyries.
Y.D.
Que va devenir le reste ? Bordeaux Métropole y prévoit d’abord, à l’horizon 2029-2030, l’un des passages de la ligne de bus express H alors dédoublée. Depuis le pont Veil et le quai de la Souys, cette partie de ligne empruntera la trémie actuellement en construction sous le boulevard Joliot-Curie, le cours Le Rouzic prolongé dans le nouveau quartier Bastide-Niel, cet axe ferroviaire libéré le long de la rue des Queyries avant de rejoindre le pont Chaban. Entre Bastide et Brazza, est également imaginée depuis… 2010, une « coulée verte » pour piétons et vélos : la Brazzaligne.
Flou sur la Brazzaligne
Le flou semble dominer sur le sujet : Bordeaux Métropole n’a pas de nouvelles à donner alors que l’emprise est désormais libérée et acquise , et que depuis deux ans le début de cette Brazzaligne est réalisé côté Cenon avec la place de la Demi-Lune. Hormis le petit passage entre Queyries et Brazza déjà cité, cette saignée urbaine jadis perfusion économique risque de rester encore longtemps un obstacle entre les deux quartiers.

L’emprise ferroviaire cédée à la ZAC Bastide-Niel, futur site de logements, commerces et groupe scolaire.
Y.D. / SO