Jacques Cilirie est connu en Guadeloupe pour avoir été le photographe de toute une génération. Il a fait ses débuts avec deux amis, qui l’ont initié : Eric Mérault et feu Daniel Bourguignon. Ensemble, ils ont monté un petit laboratoire, au fond de la maison des parents d’un quatrième camarade, Paulin dit « Jojo ». Ainsi a commencé la passion.

« Pour moi, la photo, ce n’est pas un sujet précis. La photo, c’est tout. C’est tout et ce n’est rien. Ce qui peut vous plaire, peut ne pas plaire à quelqu’un d’autre. Mais je m’arrangeais toujours pour que ce que je réalise commence déjà par me plaire. Et quand ça me plaisait, je n’avais pas honte de le montrer aux autres. »

Jacques Cilirie, photographe à la retraite

Pour Jacques Cilirie, son évolution dans le domaine de la photographie a été facilitée par ses amitiés. Un autre de ses proches, l’ancien maire de Pointe-à-Pitre Jacques Bambou, à l’époque où il était jeune médecin, lui a permis d’approcher une mère qu’il devait accoucher.

« Je lui ai demandé, un jour, de venir pour pouvoir faire des photos d’un bébé qui sort des entrailles de sa mère. Et c’est un peu pour ces raisons-là que j’ai gardé la photo parce que, pour moi, c’est une photo de la naissance du monde. Ce n’est pas parce que c’est un enfant qui naît, mais c’est tous les hommes qui naissent exactement comme cet enfant-là. »

Jacques Cilirie, photographe à la retraite

La photo a pris une grande place dans sa vie. Pourtant, sa profession était enseignant d’Education physique et sportive (EPS).

« Écoutez, jusqu’à aujourd’hui, quand je rencontre des anciens élèves, ils m’embrassent. Je ne me souviens peut-être même pas de leur nom, de leur visage. Ils viennent me rappeler qui ils sont et ils m’embrassent, tant garçons que filles, puisque j’ai toujours été un professeur correct. Je ne suis jamais arrivé en retard à mes cours. Donc, parallèlement, je ne recevais personne qui arrivait en retard non plus. Ce qui fait que j’avais toujours des présents et on pouvait travailler sans problème. »

Jacques Cilirie, photographe… et professeur d’EPS à la retraite

C’était aussi un footballeur ! Sur le sujet, il ne dit pas qu’il était bon, mais qu’il n’était pas mauvais.

Il constate qu’aujourd’hui, tout le monde croit être photographe, parce que tout le monde possède un téléphone portable. Mais il n’en est rien, de son point de vue.

« Quand je les vois, honnêtement, ce n’est pas par prétention, mais ça me fait rigoler, parce que je dis que la photographie, c’est un art. Et être artiste, ce n’est pas donné à tout le monde. Alors, ce n’est pas que je sois un artiste, hein. Mais enfin, disons que je manipulais bien mon appareil photo. Mais les appareils ont tellement évolué, que je me suis dépassé ; et, ça, je le reconnais. »

Jacques Cilirie, photographe à la retraite

REPORTAGE/

  • Rédacteur : Eddy Golabkan
  • Reporteur d’images : Christian Danquin
  • Monteur : Thierry Gayadine-Harricham