On apprend dans le récit les raisons pour lesquelles vous avez tant eu ce besoin d’exister et grâce à qui ces multiples trajectoires ont été rendues possibles.
Si j’ai pu vivre mille vies, c’est parce que j’ai rencontré mille personnes qui, chacune à leur manière, m’ont amené à créer un échelon en plus sur cette échelle qui me permettait de m’élever. J’ai voulu acter le fait qu’ils avaient été des courroies de transmission importantes. Trintignant, Ickx, De Funes, Brel, entre autres, m’ont appris et m’ont donné à penser que tout ça peut être possible. Ça n’avait aucun sens de me raconter si je ne me racontais pas à travers eux.
L’adolescent en surpoids hanté par le fait de faire partie d’un groupe de sport aurait-il cru que l’adulte aurait été capable d’avoir autant de culot ?
Jamais de la vie ! Depuis tout petit, je me convoque. Je ne suis pas schizophrène mais on est deux. Il y a cet autre personnage qui a commencé à grandir et il a toujours eu en ligne de mire ce petit garçon qui avait ces rêves-là. Je me suis posé la question de savoir si tout ça était bien réel, si tout ça s’était bien passé. Le livre qui est écrit, je n’aurais jamais imaginé être capable de l’écrire. Je me pince aussi tous les soirs de monter sur scène au théâtre. Je dois conscientiser en permanence les choses que je fais et que je trouve incroyable.
Vous vous livrez sur des sujets très forts comme votre émancipation prématurée due à votre rapport à votre père alcoolique, les décès de votre mère et de votre frère aîné ou sur les fondations parfois instables avec vos filles et votre ancienne compagne Odile.
Nous sommes tous faits de petites pièces de puzzles. Si je ne raconte pas ça, le puzzle n’est pas complet et l’image est fausse. Ce sont des choses qui me sont arrivées, ce sont des déconstructions qui m’ont permis de me construire. Je ne m’attendais pas à traverser des épisodes de vie où je faisais le constat. Je ne pense pas tous les jours au fait que mon père était alcoolique mais je le conscientise en l’écrivant. C’est pareil quand je partais à Paris et je laissais ma famille ici. Il y a peut-être des endroits où je n’ai pas pris la mesure de certaines choses. C’est pour ça que j’ai eu besoin de dire pardon dans le bouquin.
Vous apportez également votre propre définition de l’amour qui penche davantage du côté de la passion que de la raison.
Je me rends compte que j’ai toujours eu besoin d’une femme à mes côtés pour me sentir un homme accompli. C’est un complément. Quand je suis seul, je ne suis pas fini. On a besoin de l’autre pour se sublimer.
Vous êtes loin du mécanisme de protection où on se refuse de parler des choses intimes en public.
Avec le temps et l’âge, je me suis rendu compte qu’il était plus facile de dire la vérité que de mentir. On se ment d’abord à soi-même et puis c’est très lourd. À un moment donné, à force de mettre trop de choses sous le tapis, on ne peut plus marcher dessus.
Vous avez fait le ménage dans le livre.
Ça avait déjà commencé il y a un certain temps d’assumer un peu plus les choses. Je n’ai pas toujours eu l’occasion de le faire.
Découvrez gratuitement notre spécial « Fêtes » de ce 27 novembre 2025