Guerre en Ukraine, en direct : les négociations de paix avancent, Zelensky en mauvaise posture

Donald Trump a estimé qu’il y a avait de « bonnes chances » de parvenir à un accord de paix après des discussions avec l’Ukraine et avant une rencontre entre Américains et Russes, mais Volodymyr Zelensky paraît affaibli en marge des négociations.

L’essentiel

  • Il y a « de bonnes chances » de parvenir à un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie a déclaré Donald Trump dans la nuit de dimanche à lundi, après des négociations menées avec la délégation ukrainienne en Floride. La diplomatie américaine a salué des discussions « productives », ajoutant qu’il « rest(ait) encore du travail », notamment la poursuite des discussions avec la Russie.
  • Le cadre des négociations est toutefois peu favorable à Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien paraît affaibli face à la pression militaire des troupes russes et après le limogeage forcé de son bras droit soupçonné de corruption. De plus, le plan américain en 28 points servant de base aux négociations de paix était initialement plus favorable à la Russie, même s’il a été amendé par l’Ukraine fin novembre.
  • Le plan en question est le seul que Vladimir Poutine reconnaît comme base possible aux négociations, mais dans sa version initiale qui reprend de nombreuses exigences russes. Il prévoit, entre autres, la revendication par la Russie des territoires ukrainiens occupés. C’est là une condition sine qua non de la Russie pour mettre fin à la guerre.
  • Après avoir discuté avec l’Ukraine, les Etats-Unis ont prévu des échanges avec la Russie cette semaine. Steve Witkoff, l’envoyé du président américain doit s’envoler pour Moscou et être reçu par le Kremlin.
  • Volodymyr Zelensky réalise une nouvelle visite d’Etat en France ce lundi 1er décembre. Il doit échanger avec Emmanuel Macron, un de ses principaux alliés européens, « sur les conditions d’une paix juste et durable », ainsi que « sur le travail engagé sur les garanties de sécurité dans le cadre de la coalition des volontaires ».

En direct

08:20 – Il y de « bonnes chances » de trouver un accord de paix avance Donald Trump

Il y a « de bonnes chances » de parvenir à un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie a déclaré Donald Trump depuis la cabine d’Air Force One, dans la nuit de dimanche à lundi. « Je pense que la Russie aimerait que cela se termine, et je pense que l’Ukraine, je sais que l’Ukraine aimerait que cela se termine », a-t-il ajouté à l’issue des négociations auxquelles il n’a pas pas pris personnellement part. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a lui évoqué des discussions « productives », tout en concédant qu’il « reste encore du travail » : « C’est délicat. C’est compliqué. Il y a beaucoup d’éléments en jeu et il est évident qu’une autre partie doit être prise en compte dans l’équation et cela continuera plus tard cette semaine quand M. Witkoff se rendra à Moscou », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. Quant au chef des négociateurs ukrainiens, Roustem Oumerov, il a décrit des discussions « productives et réussies ».

En savoir plus sur le plan de paix en Ukraine

Les négociations sur la paix en Ukraine sont entrées dans une nouvelle phase. Jeudi 20 novembre, l’Ukraine a reçu un « projet de plan » de la part des Etats-Unis concernant un accord de paix en 28 ans élaboré avec la Russie. En réponse à la proposition américaine, Volodymyr Zelensky avait annoncé être « prêt à travailler de manière constructive avec la partie américaine et nos partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix », a enfin ajouté la présidence. Le plan en question contient toutefois des mesures correspondants à des exigences de Vladimir Poutine et contraires aux conditions sine qua non de l’Ukraine. Parmi elles : la reconnaissance de nombreuses conquêtes de la Russie en Ukraine sur environ 20% du territoire, une réduction de la taille de l’armée ukrainienne de moitié et l’abandon de ses armes à longue portée.

L’Ukraine et les Etats-Unis ont discuté du plan de paix lors de pourparlers organisés à Genève, en Suisse, entre Ukrainiens, Américains et Européens le dimanche 23 novembre. La Maison Blanche a évoqué des échanges « constructifs, concentrés sur l’objectif et respectueux, insistant sur l’engagement commun de parvenir à une paix juste et durable » à l’issue de la rencontre. Les deux pays « ont réaffirmé que tout futur accord devra pleinement respecter la souveraineté de l’Ukraine » et « ont élaboré un cadre de paix actualisé et amélioré », a ajouté Washington. De son côté, Volodymyr Zelensky a salué des avancées et « des étapes importantes », mais estime que « pour parvenir à une paix réelle, il faut plus, beaucoup plus ».

Les Européens s’alignent sur la position de l’Ukraine, mais ils ont également élaboré une contre-proposition basée sur le plan américain en 28 points en le reprenant article par article pour modifier et supprimer les mesures nécessaires pour rendre le texte acceptables à leurs yeux. Ni l’Ukraine, ni les Etats-Unis n’ont réagi à cette contre-proposition. Si plusieurs mesures restent similaires, la contre-proposition européenne pose trois grandes différences.

1. Le plafonnement de l’armée ukrainienne

Il s’agit de l’article 6 du plan de paix. Alors que la proposition américaine dispose que « les forces armées ukrainiennes seront limitées à 600.000 militaires », la contre-proposition européenne élève le plafonds « à 800 000 hommes », mais précise que cette limite sera valable uniquement « en temps de paix ». Un ajout pensé pour prévenir de futures invasions ou agression de la part de la Russie ou d’autres pays et permettre à l’Ukraine de se défendre avec tous les moyens nécessaires.

2. L’intégration de l’Ukraine à l’Otan

La Russie s’oppose fermement à l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Otan, une exigence à laquelle s’est plié le plan de paix américaine qui prévoit à l’article 7 que « l’Ukraine accepte d’inscrire dans sa constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et [que] l’Otan accepte d’inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que l’Ukraine ne sera pas intégrée à l’avenir ». Un texte qui exclue définitivement tout rapprochement entre le pays et l’alliance occidentale. L’Europe ne fait pas de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan une condition nécessaire à la paix, mais elle ne ferme pas définitivement la porte à ce scénario. « L’adhésion de l’Ukraine à l’Otan dépend d’un consensus entre les membres de l’Otan, consensus qui n’existe pas », écrit et rappelle les alliés européens de l’Ukraine. Une formulation qui n’oppose pas de réponse négative ferme à l’Ukraine, mais prendre suffisamment de précautions pour rassurer la Russie.

3. Le reconnaissance des territoires occupés par la Russie

C’est l’un des gros points du plan de paix : la répartition des territoires ukrainiens occupés par les forces russes. L’Ukraine tient à conserver ses frontières d’avant l’invasion et donc à garder les régions occupées, tandis que la Russie revendique l’annexion de ces territoires et exige de pouvoir les reconnaître comme étant russes. Le plan américaine s’aligne sur la position russe avec l’article 21 du plan : « La Crimée, Lougansk et Donetsk seront reconnues comme des régions russes de facto, y compris par les États-Unis. Kherson et Zaporijjia seront gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq régions. Les forces ukrainiennes se retireront de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon. »

De son côté, la proposition européenne se montre plus ouverte aux négociations. Elle n’exige pas un retour fidèle à la situation d’avant-guerre, mais n’accord pas aussi facilement les territoires occupés à la Russie. « L’Ukraine s’engage à ne pas recouvrer son territoire souverain occupé par la force militaire. Les négociations sur les échanges territoriaux débuteront le long de la ligne de contact », prévoit le texte. Une mesure qui peut étonner puisque l’Ukraine soutient depuis le début de la grève qu’elle n’abandonnera pas ses territoires.