En 2017, Caroline Rostang ouvrait Odette by Maison Rostang au
cœur de la Canopée des Halles. À l’époque, elle dévoilait aussi son
appartement parisien, un lieu qu’elle venait de transformer avec
une précision presque instinctive. Les années ont passé, et même si
son intérieur a peut-être évolué depuis, demeure l’image d’un
espace pensé comme une respiration contemporaine, chaleureux sans
jamais être saturé, fidèle à l’esprit de famille qui marque
l’histoire culinaire des Rostang depuis six générations.
L’appartement de Caroline Rostang repensé en open space
Lorsqu’elle raconte
l’achat de cet appartement en pierre de Paris du début du XXe
siècle, elle évoque moins un coup de tête qu’une évidence. La
visite a suffi pour qu’elle projette un lieu
ouvert, baigné de lumière, loin du cloisonnement initial.
Aidée d’un architecte, elle a fait tomber les murs pour réunir cinq
pièces en une vaste zone de vie. Elle résume ce choix d’un trait, à
la fois concret et assumé, dans les colonnes de Côté
Maison : « La pièce à vivre qui fait cuisine-salon-salle à
manger. Quand nous avons acheté cet appartement, nous avons dû
faire beaucoup de travaux : on a transformé cinq
pièces en un grand open space avec la cuisine ouverte sur un
salon-séjour. »
Cette pièce reflète autant son métier que son tempérament. Elle
y a installé « une rôtissoire « la Flamberge » de chez La
Cornue ». Un objet rare dont elle aime l »effet de
surprise. « On me demande souvent si je m’en sers réellement.
Réponse affirmative ! », précise-t-elle, amusée. Cet élément
spectaculaire dialogue avec un
décor qu’elle souhaite chaleureux mais dégagé, loin des
intérieurs trop dessinés. « Contemporain mais pas ultra design.
L’ambiance est chaleureuse mais aérée : je n’aime pas les
espaces confinés. »
L’appartement de Caroline Rostang, un reflet intime
L’appartement raconte aussi ses passions plus
intimes. Elle évoque son flipper Gottlieb, tout juste
déniché en boutique vintage. Elle mentionne aussi ce lion en
terre cuite émaillée signé Jules Lesouëf, qui circule au gré des
envies. « Il se balade dans l’appartement, on le trouve tantôt
dans ma bibliothèque, tantôt au-dessus de la cheminée… »,
dit-elle. Le cadre général repose sur des matières et des
tons apaisants : « Le bois et les couleurs claires
dominent. On a un très beau plancher et surtout, pendant les
travaux, on a pu récupérer un mur en pierres apparentes. »
Comme souvent chez ceux qui vivent intensément leur métier, la
maison glisse vers les gestes du quotidien sans jamais
perdre son style. Elle prépare « une viande ou une
volaille cuite dans la rôtisserie » à l’improviste. La chef
lit Sans oublier d’être heureux sur sa table de nuit,
écoute du jazz, résiste aux voilages et préfère les rideaux épais.
Elle avoue même une astuce héritée
de sa maison de campagne, conçue pour assombrir une
pièce trop lumineuse, qu’elle résume avec précision : «
Acheter du tissu occultant, faire poser deux rivets à chaque
extrémité et fixer deux petits crochets au-dessus de la
fenêtre. »
Des habitudes qui rythment
l’appartement de Caroline Rostang
Elle aime les fleurs que lui offre son mari, les renoncules, les
pois de senteur ou le mimosa du moment, et rêve simplement
d’une vraie buanderie, preuve qu’un intérieur
idéal reste toujours perfectible. Ses livres s’alignent
dans une grande bibliothèque mais finissent souvent en colonnes
au pied du lit, avant d’être donnés à sa mère ou à sa
sœur.
Même dans la décoration de ses restaurants, on
retrouve ce fil paisible et cohérent. Elle raconte avoir imaginé
Odette en duo avec sa sœur autour d’un contraste qu’elle
affectionne : « Lors d’un séjour à New York, j’avais adoré le
mélange cuivre et le bois. On voulait que ces deux matières
dominent ». L’architecte Alexandre Danan a prolongé cette idée
en créant des ondulations de bois, « une nappe organique
», tandis que les tables rondes, qu’elle adore, ont été repensées
par paires pour éviter l’inconfort lorsqu’on est quatre.