Jusqu’au 12 décembre, 17 prévenus comparaîtront devant une chambre correctionnelle spécialisée du tribunal de Lille pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en bande organisée », « participation à une association de malfaiteurs » et « mise en danger d’autrui », a indiqué le parquet dans un communiqué.

Quatre d’entre eux sont également poursuivis pour « homicide involontaire » commis le 26 septembre 2023. Ce jour-là, une ressortissante érythréenne née en 1999 avait été retrouvée morte sur une plage de Sangatte, près de Calais (nord), après une nuit marquée par une série de tentatives de traversées de la Manche.

Ce procès fait suite à des investigations de la police aux frontières sur un réseau de passeurs, soupçonné d’être impliqué dans la mort de sept candidats à l’exil au total, a précisé le parquet. Ils utilisaient des « taxi-boats », un mode opératoire qui consiste à mettre à l’eau des embarcations à l’abri des regards – notamment depuis des cours d’eau à l’intérieur des terres – afin d’échapper à la surveillance des forces de l’ordre près des principales plages de départ.

Les investigations ont révélé « un vaste réseau international de passeurs »

Les bateaux pneumatiques s’approchent ensuite par la mer de ces plages, pour récupérer des passagers directement dans l’eau, avant de poursuivre leur route vers l’Angleterre. Les investigations ont révélé « un vaste réseau international de passeurs », majoritairement syriens mais aussi afghans ou soudanais, ayant organisé plus d’une cinquantaine de traversées illégales d’avril 2023 à août 2024 « de la frontière belge jusqu’à Berck » (côte nord de la France), a précisé le parquet.

Ce réseau est selon lui « responsable de la mort de sept personnes dont deux mineurs, survenues les 26 septembre 2023, 14 janvier 2024 et 2 mars 2024 ». Au total, 24 membres du réseau ont été interpellés lors de plusieurs opérations. Durant le procès qui s’ouvre lundi, « seuls les faits commis entre avril 2023 et le 2 octobre 2023, date de la première opération d’interpellation, seront jugés ». « Des investigations se poursuivent pour le reste des membres », a ajouté le parquet.

Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi 28 novembre qu’elle débuterait « prochainement » des opérations visant à intercepter en mer les « taxi-boats » avant l’embarquement des migrants, un changement de doctrine réclamé de longue date par Londres.