Près de trois ans après une condamnation pour viol, de laquelle il a fait appel, Saad Lamjarred a de nouveau rendez-vous avec la justice. A partir de lundi 1er décembre, le chanteur marocain de 40 ans, très populaire dans son pays et dans le monde arabe, devait être jugé devant la cour d’assises de Draguignan pour le viol, qu’il conteste, d’une barmaid en 2018 près de Saint-Tropez. Son procès devait s’ouvrir à 14 heures à Draguignan mais il a été reporté d’au moins six mois, la présidente de la cour étant souffrante, a-t-on appris de sources judiciaires.

Le chanteur, qui devait comparaître libre, n’a pas eu à se présenter au tribunal de Draguignan : un magistrat a rendu une ordonnance de renvoi avec maintien de son contrôle judiciaire lors d’une réunion avec les avocats de la défense et de la partie civile.

Avant ce renvoi, l’avocat de la victime, Me Dominique Lardans, avait annoncé qu’il aurait sollicité le huis clos. «Une nuit d’horreur, sept ans d’attente, de souffrance, de patience. Elle attend avec confiance la reconnaissance de son statut de victime», avait-il expliqué à l’AFP.

En août 2018, la plaignante travaillait comme barmaid à Saint-Tropez quand elle a croisé Saad Lamjarred dans une discothèque branchée. Selon son témoignage aux enquêteurs, elle ne savait pas qu’il était chanteur, même si elle a appris ce soir-là qu’il avait des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Elle l’a trouvé mignon et a accepté d’aller boire un verre au bar de son hôtel. Toujours selon son récit, il l’a en fait conduite directement à sa chambre, a essayé de l’embrasser puis l’a plaquée sur le lit, l’a déshabillée et l’a violée en la maintenant par les poignets, sans qu’elle parvienne à réagir, tétanisée.

Lui a assuré que le rapport était consenti, que la jeune femme avait d’ailleurs elle-même retiré son pantalon. Mais une amie appelée au secours juste après a témoigné l’avoir retrouvée choquée, le maquillage dégoulinant, les lèvres enflées, le regard vide. Les analyses réalisées quelques heures plus tard évaluent leur taux d’alcool à ce moment-là entre 1,2 et 1,4 g /l pour elle et entre 1,6 et 1,8 g /l pour lui.

La mise sur écoute du téléphone de la victime a révélé un réel mal-être et la peur que l’affaire soit médiatisée. Mais aussi un appel, pendant la garde à vue du chanteur, d’un homme proposant 200 000 euros pour un arrangement à l’amiable. Si elle n’y a pas donné suite, son amie en revanche a écrit à un avocat de Saad Lamjarred pour proposer un accord, mais a réaffirmé ensuite aux enquêteurs n’avoir jamais menti sur l’état dans lequel elle avait trouvé la jeune femme.

Même si le parquet n’était pas opposé à un non-lieu, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé en 2021 le renvoi devant les assises, rappelant en particulier que le fait de pénétrer dans la chambre d’un homme ne valait pas consentement. De plus, le chanteur avait déjà été mis en cause dans des affaires similaires en 2015 au Maroc et en 2010 aux Etats-Unis, où une procédure pour viol et agression sexuelle a été classée après un arrangement financier avec la victime.

En France, Saad Lamjarred a été condamné en 2023 à six ans de prison par la cour d’assises de Paris. Une jeune femme, rencontrée dans une boîte de nuit parisienne, l’avait accusé en 2016 de l’avoir violée et frappée dans une chambre d’hôtel, ce qu’il a toujours contesté. Son procès en appel, prévu en juin à Créteil (Val-de-Marne), a également été reporté. La jeune femme et quatre complices présumés doivent eux aussi être jugés pour tentative d’extorsion pour avoir essayé d’obtenir du chanteur 3 millions d’euros en échange d’un retrait de sa plainte.

Contactés par l’AFP, les avocats de Saad Lamjarred, Mes Zoé Royaux et Christian Saint-Palais, n’ont pas donné suite dans l’immédiat.

Mise à jour à 13 h 19 avec le renvoi du procès.