Après des premiers blocages survenus en 2022 pour Facebook et X, les tensions autour du numérique continuent de s’intensifier en Russie.

Alors que WhatsApp demeure l’un des services de communication les plus utilisés du pays, les autorités menacent désormais de le bannir totalement du territoire selon une dépêche de Reuters. Une nouvelle étape dans la stratégie du Kremlin qui vise à réduire la présence des plateformes étrangères et à imposer ses propres outils…

Une menace de blocage total brandie par Moscou

L’agence fédérale Roskomnadzor a déclaré, ces derniers jours, qu’elle pourrait interdire complètement WhatsApp si l’entreprise ne se conforme pas aux lois nationales.

Le régulateur affirme que l’application serait utilisée pour « organiser et perpétrer des actes terroristes« , mais aussi pour des fraudes et d’autres formes de criminalité. Une justification que la Russie met régulièrement en avant lorsqu’elle vise une plateforme étrangère.

Meta, de son côté, rejette ces accusations, et l’entreprise estime que Moscou cherche à s’attaquer à la messagerie car elle refuse de compromettre la confidentialité de ses utilisateurs. Une prise de position dans la continuité de la pression déjà appliquée cet été&nbsp: depuis août, les appels sur WhatsApp sont interdits, une mesure qui avait déjà frappé Telegram.

Le coeur du bras de fer repose sur l’accès aux données, les forces de l’ordre exigeant la possibilité de consulter des informations à la demande, notamment dans le cadre d’enquêtes liées aux fraudes ou à ce que la Russie qualifie d’activités terroristes.

Une perspective incompatible avec le chiffrement de bout en bout utilisé par WhatsApp, qui empêche tout accès aux messages, même pour l’entreprise elle-même…

Max, futur remplaçant de WhatsApp&nbsp?
Un aperçu de Max, le "WhatsApp russe" - Source&nbsp: Google Play

Un aperçu de Max, le « WhatsApp russe » – Source&nbsp: Google Play

Dans ce contexte tendu, le gouvernement russe fait la promotion d’une alternative nationale&nbsp: Max. Développée par VK, cette application hybride mêle à la fois une messagerie et des services, à l’image de ce que propose WeChat en Chine. Et pour aller encore plus loin, l’application est déjà installée par défaut sur tous les appareils vendus en Russie depuis le 1erʳ septembre dernier.

Pour les autorités, il s’agit d’une solution souveraine qui devrait permettre de réduire la dépendance aux entreprises étrangères qui stockent des données hors du pays. Néanmoins, pour plusieurs avocats spécialisés en libertés numériques, c’est aussi un outil susceptible d’offrir aux services de sécurité une visibilité étendue sur les communications, notamment en raison de l’absence de chiffrement de bout en bout.

Un accueil contrasté dans la population russe…

Interrogée par des médias comme BFM TV, la population réagit de manière contrastée. Certains Russes reconnaissent utiliser WhatsApp pour conserver leurs échanges personnels et professionnels, tandis que d’autres s’inquiètent du recul des libertés et des obligations imposées par l’État.

À l’inverse, une partie des utilisateurs estime que les menaces liées aux plateformes étrangères justifient la transition vers des services russes…