Dernièrement, des biochimistes et spécialistes du cancer canadiens ont publié une étude dont la conclusion peut étonner. Les résultats de ces travaux indiquent que nos ongles de pieds pourraient, dans un avenir plus ou moins proche, devenir un outil de dépistage précoce du cancer du poumon. Il s’avère qu’un simple morceau d’ongle peut révéler une exposition prolongée à un gaz cancérogène.

Le radon, un danger invisible et inodore

Au Département de physique et d’astronomie de l’Université de Calgary (Canada), une équipe a mené une étude très intéressante, révélant un lien entre le cancer du poumon et les ongles de pied. Selon ces travaux publiés dans la revue Environment International le 20 novembre 2025, l’analyse de morceau d’ongles pourrait révéler précisément l’exposition d’une personne au radon, un gaz radioactif incarnant la deuxième cause du cancer du poumon – après le tabac – notamment chez les non-fumeurs.

Invisible et inodore, le radon se retrouve naturellement dans le sol et les roches – en particulier celles renfermant de l’uranium – et s’infiltre dans les bâtiments ainsi que les eaux souterraines. Par ailleurs, le radon peut aussi provenir des matériaux de construction et a tendance à s’accumuler dans les espaces manquant de ventilation, par exemple les sous-sols et autres caves. Les mines, les tunnels, les usines et certains bureaux peuvent être exposés.

Par ailleurs, le radon se désintègre en une chaîne de radioactivité incluant le plomb, celui-ci incarnant le produit final stable de cette chaîne. Or, les tissus à élimination lente comme la peau, les cheveux et surtout les ongles stockent ce plomb. Selon les meneurs de l’étude, les ongles sont de véritables « archives biologiques » des expositions passées, capables d’enregistrer le niveau d’exposition sur le long terme.

Une méthode potentiellement révolutionnaire

Les chercheurs canadiens sont à l’origine d’une méthode consistant à mesurer la concentration de radon dans le domicile d’une personne à l’aide d’un instrument : le dosimètre. Ensuite, il s’agit de procéder à l’analyse de morceaux d’ongles de pieds fournis par les participants. Pour les responsables des travaux, l’approche permettrait de quantifier efficacement et individuellement l’exposition au radon et ce, sur le long terme.

« Nous avons combiné la mesure de la radioactivité avec une analyse biologique de précision. Les ongles d’orteils se révèlent être un excellent marqueur de notre exposition cumulée. », a déclaré Aaron Goodarzi, principal auteur de l’étude.

En cas de validation à grande échelle, la méthode pourrait révolutionner la prévention du cancer du poumon. Celle-ci donnerait la possibilité d’identifier les personnes à risque qui ne fument pas et par conséquent, qui ne sont pas concernées par les actuelles campagnes de dépistage. Surtout, il s’agit là d’un moyen simple, peu invasif et très accessible pour détecter les expositions pouvant être jugées dangereuses et ce, bien avant l’apparition d’éventuels symptômes.

dosimetreCrédit : Jennifer Boyer / Wikimedia CommonsUn dosimètre.Que faire en cas d’exposition ?

En attendant que la méthode fasse son chemin, il est important de souligner qu’il existe déjà des gestes simples pour se protéger, principalement aérer son logement au moins une dizaine de minutes quotidiennement, afin d’éviter l’accumulation de radon à l’intérieur. A savoir que certaines zones françaises sont particulièrement concernées en raison de la nature de leurs sols, notamment les Alpes, la Bretagne, la Corse, le Massif Central ainsi que les Vosges. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) propose également une carte interactive permettant d’identifier les communes à risque.

En cas de doute, il est également possible de faire installer un dosimètre chez soi durant quelques semaines, afin d’évaluer la concentration de radon dans l’air intérieur. Au-delà de 300 Bq/m³ d’air, des travaux de rénovation pourraient s’avérer judicieux, visant notamment à améliorer l’étanchéité entre les murs et le sol ou encore, à renforcer (ou moderniser) le système de ventilation. Au-delà de 1 000 Bq/m³ d’air, la situation devient plus préoccupante et il s’agira de s’attacher les services d’un professionnel du bâtiment afin d’évaluer la situation et réaliser les travaux qui s’imposent.