Le 26 novembre 2025, des chercheurs ont annoncé la toute première détection de décharges électriques sur Mars, révélant la présence d’éclairs — ou plutôt de mini‑éclairs — dans une atmosphère longtemps jugée trop ténue pour supporter ce type de phénomène.

Origine et nature des éclairs sur Mars

Les observations sur la planète Mars proviennent de l’analyse des enregistrements audio et électromagnétiques réalisés par l’instrument SuperCam de Perseverance. Sur un total de 28 heures d’écoute, réparties sur deux années martiennes, les scientifiques ont repéré 55 événements d’origine électrique.

Ces décharges, qualifiées de « mini‑lightning », étaient souvent associées à des tempêtes de poussière ou à des tourbillons de sable (dust devils). Dans ces conditions, des grains minuscules de poussière et de sable entrent en friction, accumulent des charges électriques, puis libèrent cette énergie sous forme d’arcs électriques, parfois juste quelques centimètres, parfois quelques millisecondes — une version bien plus modeste que les éclairs terrestres.

Selon les chercheurs, l’atmosphère martienne — très fine, riche en dioxyde de carbone, poussiéreuse et turbulente — réduit la quantité de charge nécessaire pour provoquer une décharge. Ainsi, ce qui demeure rare et discret sur Terre peut être plus facile à déclencher sur la planète rouge.

En dépit de ces signaux, il ne s’agit pas d’éclairs spectaculaires comme sur Terre : aucun flash lumineux ou tonnerre n’a été observé. Comme l’explique un co‑auteur de l’étude : « ce n’est pas vraiment de la foudre » mais « un petit arc, peut‑être de quelques millimètres » suivi d’un claquement audible.

Un robot au coeur de cette découverte

L’étude a été conduite par une équipe dirigée par le chercheur français Baptiste Chide, du Laboratoire d’astrophysique et planétologie, en collaboration avec la NASA.

Ce résultat repose sur l’instrument SuperCam du rover Perseverance, placé dans le cratère Jezero depuis 2021. Cet instrument, initialement conçu pour analyser la composition minérale et géologique, utilise des lasers et capteurs sensibles qui se sont avérés capables de repérer des signaux électromagnétiques et acoustiques caractérisant des décharges électriques.

La découverte est qualifiée de « majeure » par les scientifiques eux-mêmes — une première preuve directe que l’atmosphère de Mars peut produire des arcs électriques.

Des promesses pour la science et l’homme

D’abord, la détection de ces mini‑éclairs suggère que l’atmosphère de Mars est plus dynamique qu’on ne l’imaginait. Ce processus d’électrification par friction de poussière pourrait jouer un rôle dans le transport de poussières, dans la chimie atmosphérique, voire dans la formation de composés chimiques — des points cruciaux pour comprendre le climat martien et son évolution.

Ensuite, cette découverte a des implications pour l’exploration future. Si des décharges électriques peuvent survenir pendant des tempêtes, elles pourraient endommager les instruments robotiques voire, dans l’avenir, constituer un risque pour des hommes sur Mars. Les chercheurs l’ont d’ailleurs souligné : des décharges électrostatiques fréquentes pourraient poser problème pour du matériel sensible.

En outre, le simple fait que Mars rejoigne ainsi la liste des planètes ayant une activité électrique atmosphérique — aux côtés de la Terre, Jupiter ou Saturne — modifie profondément notre compréhension de la diversité des climats planétaires et de ce que recouvre le concept de planète électrique.

Vers de nouvelles explorations

Malgré cette avancée, l’interprétation reste prudente. Les mini‑éclairs n’ont été ni vus, ni filmés — uniquement « entendus » via des enregistrements audios. Comme le souligne un expert externe, cela reste « persuasif » mais non définitif tant qu’un instrument dédié n’aura pas capturé une décharge visuelle ou électrique plus spectaculaire.

De plus, la définition de « foudre » — telle qu’on la connaît sur Terre — ne correspond pas à ces phénomènes : ces arcs sont beaucoup plus faibles, courts, discrets, et ne produisent pas de flash lumineux visible.

Enfin, pour aller plus loin, il faudra envoyer des instruments conçus pour détecter la foudre martienne — non seulement des micros, mais des capteurs électromagnétiques, des caméras à haute sensibilité lumineuse, voire des mesures de composition chimique. Cela pourrait nourrir de futurs projets d’exploration robotique ou humaine.