Le 27 janvier 2022, en fin d’après-midi, il…

Le 27 janvier 2022, en fin d’après-midi, il appelle les pompiers et crie au téléphone : « Au secours, j’ai poignardé ma femme. » Sur place, dans un appartement du cours des Girondins, à Libourne, les secouristes et les gendarmes découvrent la victime, une femme de 44 ans ensanglantée, allongée sur le sol du salon. À un mètre, se tient son petit garçon de 4 ans, apeuré. Hervé Pierre-Marie n’a pas quitté les lieux et se laisse interpeller sans difficulté. Grièvement blessée après avoir reçu un coup de couteau en pleine poitrine, sa compagne est transportée en urgence à l’hôpital, où elle est sauvée.

Déjà condamné à deux reprises pour des violences sur sa conjointe, le trentenaire était sous sursis probatoire au moment des faits et avait interdiction d’entrer en contact avec la victime. Trois semaines avant le drame, il s’était réinstallé dans l’appartement. Au premier jour de son procès, la cour s’est penchée sur sa personnalité.

L’omniprésence de la violence

Son isolement saute aux yeux. Aucun membre de sa famille, aucun ami n’est venu témoigner. Depuis son placement en détention provisoire, Hervé Pierre-Marie ne reçoit aucune visite en prison. Né en Guadeloupe de père inconnu, il a perdu sa mère à l’âge de 9 ans, a été adopté par une tante et élevé en Guyane avant de rejoindre l’Hexagone à ses 17 ans. « J’étais un peu difficile comme gamin. Alors, ma tante me frappait à coups de ceinture. J’ai été élevé comme ça », raconte-t-il d’une voix mal assurée.

« J’étais un peu difficile, alors ma tante me frappait à coups de ceinture. J’ai été élevé comme ça »

« Pour lui, la violence fait partie d’une relation affective », explique à la barre, quelques minutes plus tard, un expert psychologue. Et la violence s’est très vite invitée dans le couple qu’Hervé Pierre-Marie a formé avec celle qui est devenue la mère de son fils.

Discernement altéré ?

Ils se rencontrent en 2015. Chaudronnier industriel en intérim, après avoir passé quelques années dans l’armée de terre, à Tarbes, le trentenaire travaille pour diverses agences du Sud-Ouest. Jaloux, « paranoïaque » selon les experts, il se persuade d’infidélités. Dès 2017, il est condamné une première fois pour avoir frappé sa compagne. « Elle m’avait trompé », affirme-t-il. « C’est toujours cet argument que vous mettez en avant », relève la présidente de la cour, Martine Dubois. Le 22 janvier 2022, sa colère aurait explosé quand il s’est rendu compte que sa conjointe appelait un ami.

Son discernement était-il alors entier ? Cette question est un autre élément clé de ce procès. En 2020, Hervé Pierre-Marie a été interné quelques jours en psychiatrie et un diagnostic de schizophrénie aurait été posé. Après son funeste passage à l’acte, une psychiatre l’a examiné en garde à vue et a estimé que son discernement était altéré. Mais cette altération n’a pas été confirmée par deux expertises psychiatriques réalisées par la suite, pendant l’information judiciaire.