• Lors de sa visite à Paris ce lundi, Volodymyr Zelensky s’est entretenu plusieurs heures avec Emmanuel Macron.
  • Entre le plan américain et les sanctions russes, de nombreux sujets ont été évoqués, au lendemain de négociations entre une délégation ukrainienne et américaine en Floride.

Suivez la couverture complète

Ukraine-Russie : la perspective de négociations relancée ?

Un plan de paix se dessine-t-il ? Le président, Emmanuel Macron, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, se sont entretenus pendant plusieurs heures à l’Élysée ce lundi 1ᵉʳ décembre afin d’achever les travaux sur les garanties de sécurité et d’évoquer celle des Européens. Cette visite à Paris du chef d’État ukrainien survient au lendemain de discussions en Floride, aux États-Unis, entre une délégation ukrainienne et de hauts responsables américains afin de négocier le plan américain. 

À l’issue de leur entrevue, Emmanuel Macron annonce sur le perron du palais présidentiel avoir « finalisé le travail sur les garanties de sécurité », dont les prochaines discussions dans les jours suivants permettront de « préciser la participation américaine à ces garanties ». En parallèle, des discussions sont aussi entamées afin que la « Russie puisse donner un gage de clarté au médiateur américain sur sa volonté de paix ». 

« La Russie doit mettre fin à cette guerre qu’elle a déclenchée et qu’elle poursuit », a martelé de son côté le président ukrainien. Après avoir remercié Emmanuel Macron pour son « attention portée à l’Ukraine », Volodymyr Zelensky souligne que « nous devons également faire en sorte que la Russie n’ait pas l’impression d’obtenir une récompense pour cette guerre », à propos des volontés territoriales de Vladimir Poutine. 

« C’est pour cela que nous avons des positions de principe quant aux sanctions, quant à la responsabilité pour les crimes de guerre, quant au statut juridique de nos territoires qui sont aujourd’hui occupés par les forces russes », a précisé le président ukrainien, concernant le plan américain de Donald Trump. Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler que ces garanties de sécurité ne peuvent être « discutées ou négociées sans que les Ukrainiens, dont c’est le territoire, soient autour de la table et sans que les Européens et l’ensemble des alliés de la coalition des volontaires soient autour de la table, puisqu’il s’agit des garants ». 

Ce plan de paix présenté par les États-Unis le 21 novembre connaît de nombreuses controverses, notamment sur la cession de territoires  ukrainiens comme les régions de Donetsk et Louhansk et le fait de répondre aux ambitions de Moscou. 

Une plus grande intégration de l’Ukraine et de l’Europe au plan américain

À ce jour, « il n’y a pas de plan de paix complet » sans l’Ukraine ni les Européens, a alerté le chef d’État français. Bien qu’Emmanuel Macron ait salué le « rôle de médiateur » pris par les États-Unis, il a rappelé que « chacun a son rôle à jouer » dans la finalisation de ce plan de paix, Ukrainiens comme Russes et Européens. À ses côtés, le président ukrainien a manifesté sa volonté de s’entretenir à nouveau avec Donald Trump « sur les questions clés » du plan américain, les jugeant « assez difficiles » à appliquer.

Pour preuve de cette coopération, les deux chefs d’État ont réalisé pendant leur entrevue ce lundi plusieurs entretiens téléphoniques avec des dirigeants européens d’Allemagne, de Pologne, d’Italie, de Norvège, de Finlande, du Danemark et des Pays-Bas, ainsi qu’avec les présidents des institutions européennes Antonio Costa et Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Et les Européens s’opposeront à une « paix dictée » à l’Ukraine, a martelé le chancelier allemand, Friedrich Merz, à la fin de son entretien. 

La pression contre la Russie n’a jamais été aussi élevée

Emmanuel Macron à propos du nouveau paquet de sanctions russes

Le 19ᵉ paquet de sanctions contre la Russie a aussi été décidé, le 20ᵉ est en préparation, sans qu’aucun des deux chefs d’État n’en ait dévoilé le contenu. « La pression contre la Russie n’a jamais été aussi élevée depuis le début de la guerre », assure Emmanuel Macron. Avant d’ajouter que « les sanctions dans les semaines, à venir seront croissantes, afin que la Russie n’ait plus de moyens dans cette guerre », à la veille de négociations entre l’émissaire américain Steve Witkoff et le président russe Vladimir Poutine. 

Lire aussi

Ce que contient le nouveau plan américain de paix pour l’Ukraine « fortement orienté vers la Russie »

Cette discussion et ces négociations ont lieu alors que l’armée russe vient de réaliser sa plus grosse progression sur le front ukrainien en un an, selon l’analyse par l’Agence France-Presse (AFP) des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP). 

 « C’est la Russie qui doit mettre un point final à cette agression. Pour la garantie de la sécurité et de la préservation de la souveraineté  de l’Ukraine, c’est dans ce sens que les pourparlers vont se poursuivre. La Russie a tant de fois brisé ses promesses, il est facile pour la Russie d’interrompre ses garanties. Les Russes frappent l’Ukraine tous les jours », a affirmé le président ukrainien, alors que quatre personnes ont été tuées par un missile russe ce lundi à Dnipro. « Nous essayons de terminer cette guerre, de manière digne, de toutes nos forces. Pour l’Ukraine, pour l’Europe, pour l’Amérique, pour la paix », a aussi déclaré le président ukrainien à l’Élysée. 

Au moment où l’on parle de paix, la Russie continue de tuer

Emmanuel Macron sur l’avancée russe

« Je témoigne au président Zelensky et à toute l’Ukraine tout mon soutien après toutes les frappes qui ont touché le pays.  Au moment où l’on parle de paix, la Russie continue de tuer et de détruire. C’est un obstacle à la paix », a quant à lui affirmé Emmanuel Macron, alors que quatre personnes ont été tuées par un missile russe ce lundi à Dnipro, ville du centre-est de l’Ukraine. 

Un point a cette fois-ci été abordé par les journalistes à la fin de la conférence de presse, celui du scandale de corruption en Ukraine, entraînant la démission d’Andriy Yermak, bras droit de Volodymyr Zelensky. « Est-ce que notre rôle est de donner des leçons à l’Ukraine ? Une démocratie doit les régler, en sachant que les institutions le font. Il n’y aura pas de problèmes de corruption en Russie, les entités ne sont pas indépendantes. Car la vraie dictature est là », évacue Emmanuel Macron. 

Malika CHEKLAL avec AFP