l’essentiel
Ses œuvres abstraites et monumentales révèlent un créateur autodidacte au style affirmé. Rico transforme le bois en œuvres sensibles et puissantes au Vernet.
Il se fait appeler Rico depuis trente ans, un surnom né presque naturellement de son prénom, Éric Glachant. Aujourd’hui, ce nom d’artiste est devenu sa signature, apposée sur des pièces de bois uniques. Né en région parisienne, passé par la Bretagne, la Bourgogne, la Grèce ou encore le Sud-Est, il a finalement posé ses valises en Ariège il y a douze ans. « Je vadrouillais beaucoup, puis j’ai découvert l’Ariège. Je ne suis plus reparti », sourit-il.
Autodidacte dans l’âme, l’artiste a toujours dessiné. Le bois, lui, est arrivé presque par hasard, comme une évidence. « Quand j’ai commencé à gratter du bois, ça a été une révélation. C’était facile, naturel, impossible à expliquer. » Très jeune déjà, il taillait des manches de couteau, des tire-bouchons, qu’il offrait au fil des rencontres. Puis, au hasard d’une rue toulousaine, il croise un voyageur sculptant du béton cellulaire pour vivre. Alors il essaie avec le bois, il crée des petites pièces à la demande… et ça marche.
Un cèdre de neuf mètres de long
De fil en aiguille, des expositions improvisées en retour chaleureux, le sculpteur comprend que son travail touche les gens. Installé un temps au Carla-Bayle, village d’artistes, il y tient un lieu d’exposition pendant quatre ans. Puis s’ouvre la période des grandes œuvres. En 2018, il réalise sa première sculpture monumentale : un cèdre de neuf mètres de long à Escosse. « Celui-là m’a donné confiance. Et surtout, j’avais enfin des photos pour montrer ce que je sais faire. » Depuis, ce sont les communes et les particuliers qui l’appellent.
Dans son atelier du Vernet, qu’il décrit comme « un laboratoire plus qu’un atelier », Rico cherche, teste et expérimente sans relâche. Il utilise toutes sortes de bois, mais réserve les essences les plus résistantes — cèdre, chêne, frêne — aux œuvres destinées à l’extérieur. Pour les petites pièces, il privilégie les bois denses, propices aux détails. Ses outils vont de la scie à ruban à la tronçonneuse, mais son vrai plaisir reste la gouge. « Rien ne vaut le contact direct avec le bois. Dès qu’une machine s’interpose, le plaisir n’est pas le même. »
S’il accepte parfois de réaliser des pièces figuratives sur demande, ce qui l’anime profondément, c’est l’abstrait. Les courbes, les mouvements, les formes qui laissent chacun libre de voir ce qu’il veut. « Une fois que j’ai signé et ciré une pièce, elle ne m’appartient plus. C’est celui qui la regarde qui lui donne son sens. »
Pour le rencontrer, mieux vaut l’appeler : son atelier n’est ouvert que lorsqu’il y travaille. On peut aussi le contacter via sa page Facebook ou son site internet « Rico sculpteur ». Car s’il travaille souvent seul, il n’est jamais fermé à la rencontre : « Le contact humain demeure le point de départ de chaque projet », conclut Rico.