Le 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le sida. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le nombre d’infections continue d’augmenter, qu’il s’agisse du VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles. Si les dépistages sont plus fréquents, la désinformation joue aussi dans cette hausse des contaminations.
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Santé Publique France est en alerte. Dans son dernier bulletin de surveillance du VIH et des IST pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, elle fait état d’un taux d’incidence du VIH qui « ne diminue plus au cours des trois dernières années ». Même chose pour les infections sexuellement transmissibles (IST).
Il faut d’abord distinguer le VIH, du sida. Le premier est le virus de l’immunodéficience humaine, et le second est l’acronyme du syndrome de l’immunodéficience humaine acquise. En clair : c’est la phase où les défenses immunitaires peuvent être détruites et causer des maladies opportunistes parfois mortelles. En 2024, les nouveaux cas recensés de sida concernent surtout les hommes ayant des relations hétérosexuelles. Santé Publique France note aussi que « les hommes représentaient 68% des cas de sida », dans la région.
Le diagnostic du VIH est qualifié de « stable » par Santé Publique France. SPF évoque 333 « découvertes de séropositivité en 2024 », dans notre région. Ce qui représente, selon l’indicateur de l’agence de santé, un taux de « 63,8 au million d’habitants ».
Pour détecter les contaminations, des tests sanguins sont faits. Ils donnent lieu à des analyses en laboratoire, appelées « sérologies ». En 2024, pour 1.000 sérologies effectuées, 1 ressortait positive dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est proche du niveau du reste de la France, hors Île-de-France (0,9 positives pour 1.000 sérologies). Dans le détail, 1 sérologie sur 1.000 ressort positive dans les Alpes-Maritimes. Ce taux atteint 1,2 dans les Bouches-du-Rhône et 0,8 pour le Var.
Outre le VIH et le sida, les contaminations augmentent aussi pour ce qui est des infections sexuellement transmissibles. La chlamydia circule davantage à l’échelle de la région. Santé Publique France évoque un taux de diagnostic de « 91,4 pour 100.000 habitants » pour 2024. Soit 2,9 points de plus qu’en 2023. C’est bien plus que la moyenne du reste de la France, sans la région parisienne, qui est à un taux de diagnostic de « 77,7 pour 100 000 habitants ».
Viennent ensuite les infections à gonocoques. Le taux de diagnostic pour la région en 2024 est de « 29 pour 100.000 habitants ». Il était de « 25,9 pour 100 000 habitants » en 2023. Une statistique qui reste plus haute que le taux de diagnostic au niveau national, toujours sans l’Île-de-France : « 26,7 pour 100 000 habitants. »
La syphilis conclut enfin ce triste classement des IST en hausse. L’agence de santé fait état d’un taux de diagnostic de « 8,8 pour 100.000 habitants » en 2024. Il était de « 7,3 pour 100.000 habitants », un an auparavant. Ce taux reste bien plus élevé que la moyenne nationale, sans l’Île-de-France. Par comparaison, il était de « 6,5 pour 100 000 habitants ».
Dans ces trois cas de figure, Santé Publique France évoque des infections diagnostiquées surtout chez les hommes.
Pour Pascale Bastiani, présidente de l’association locale « Agissons contre le Sida », la tendance est inquiétante. « Je reviens d’un congrès de la société française de lutte contre le sida. Il y a une hausse de la contamination de 41% chez les jeunes pour le VIH. Cela pêche parce que certains pensent que la trithérapie est un antibiotique, que la Prep est trop chère et qu’elle ne protège pas des IST. Sans compter les mauvaises informations que peuvent propager les réseaux sociaux. J’ai pu lire ce matin, par exemple, qu’il y a des perturbateurs endocriniens dans les préservatifs », relate cette habitante de Cagnes-sur-Mer de 65 ans et vivant avec le VIH depuis 40 ans.
Son constat pour l’avenir est plutôt sombre. « Il y a 30% de budget en moins pour les associations, sans compter les réformes pour l’Aide médicale d’État, mais aussi l’accès à la Prep qui pêche pour les femmes ainsi que les travailleurs et travailleuses du sexe. »
Nous sommes dans un moment de bascule : nous avons fait le job, mais maintenant, il y a une question d »âgisme’. L’idée que, nous, les ‘boomers’, ne sommes plus trop en phase pour communiquer avec les plus jeunes.
Pascale Bastiani, présidente de l’association locale « Agissons contre le Sida »
à France 3 Côte d’Azur
Pascale Bastiani poursuit : « nous, nous sommes toujours là, nous ne lâchons rien, mais cela risque de ne pas tenir avec le budget qui baisse pour les associations » !
En France, au moins 40.000 morts sont recensés depuis 1982, d’après les chiffres du Haut Conseil de la santé publique.