À un peu plus de cent jours des municipales, les plages marseillaises s’imposent comme un sujet de campagne. Entre la promesse d’un « axe littoral » portée par la droite et le « plan guide » lancé par la mairie de gauche, les Marseillais interrogés à l’Escale Borély expriment leurs attentes.

Martine Vassal, candidate de la droite, devrait annoncer qu’elle veut faire du littoral un axe de son programme municipal, promettant un renouveau pour les plages de la ville. La municipalité en place, dirigée par Benoît Payan, a déjà lancé l’élaboration d’un « plan guide » pour le littoral sud, qui doit repenser trois kilomètres de côtes entre le Roucas-Blanc et la Pointe-Rouge. L’étude prévoit des concertations avec les usagers et doit rendre ses conclusions en 2026. Sur le terrain, comme à l’Escale Borély, les Marseillais disent leur attachement à cette question dans la campagne des municipales.

La sécurité sur les plages

« Le problème, c’est la sécurité », constat partagé par deux Marseillais rencontrés au bord de l’eau en cette matinée d’hiver. Christine, tout d’abord, avoue ne pas fréquenter les plages l’été : « C’est la jungle ici l’été. Je suis née ici, mais je préfère aller aux Lecques, à Saint-Cyr », raconte la sexagénaire. Didier regrette aussi les incivilités et les vols, et avoue qu’il ne se baigne jamais en même temps que sa femme : « On fait des tours de garde pour surveiller les affaires », explique ce véliplanchiste. « Au final, je ne fais jamais de planche à voile ici, alors que j’habite face à la mer, et je préfère aller dans le Var », ajoute-t-il, look de surfer, longs cheveux poivre et sel dans le vent d’hiver des plages du Prado.

Moins de bitume, plus d’arbres ?

L’inquiétude de ces deux Marseillais porte aussi sur la saturation en saison estivale et les nuisances qui en résultent pour les riverains. Michelle et Robert estiment que les plages des communes voisines offrent aujourd’hui un meilleur cadre : « Bandol et Sanary, c’est joli, il y a des fleurs, des arbres. Ne me dites pas qu’ici les fleurs ne poussent pas ! », râle Michelle. Son mari l’appuie : « Ici, la plage n’a pas changé depuis 30 ans et ça se voit. » Trop de béton, pas assez de végétaux, et une Escale Borély au look usé : c’est ce que décrit aussi Medhi, en plein footing le long de la mer. « Pour courir l’hiver, c’est bien. Pour aller à la plage en famille ou traîner au bord de l’eau l’été, c’est une catastrophe », raconte le père de famille. Ce constat alimente un enjeu politique : faut-il investir davantage dans l’entretien et l’attractivité des plages marseillaises pour concurrencer les littoraux voisins ?

Le rejet des plages privées

D’autres propositions émergent du débat public local : la création de plages privées. Aucun des Marseillais croisés en cette matinée le long de la mer ne semble soutenir cette option. Pire, Yasmina, rencontrée en footing à l’Escale Borély, la rejette, révoltée : « C’est la plage de tous les Marseillais, d’où qu’ils viennent. Ce n’est pas en faisant payer les plages qu’on améliore les choses. Déjà, on a réussi à faire reculer les terrasses des cafés et restaurants », raconte la sexagénaire, avant de faire valoir une priorité différente : améliorer les transports pour que tous les Marseillais, quels que soient leurs quartiers, puissent accéder facilement à la mer, et pour le moins cher possible.

Pour les partis en campagne, ces attentes donnent des pistes d’offre électorale : investissements dans l’accueil et les aménagements, la sécurité, l’organisation des flux et des parkings, renforcement des liaisons par transports publics, ou au contraire mesures favorisant des offres payantes et privées. La façon dont chaque camp positionnera ces propositions pourrait peser dans les quartiers littoraux et au-delà.

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