Deux présidents affaiblis se sont retrouvés, lundi, à l’Élysée. L’un épuisé par une guerre à laquelle son peuple résiste de façon héroïque. Et qu’un scandale de corruption fragilise en l’ayant obligé à se séparer de son bras droit. L’autre très impopulaire et dont le gouvernement est paralysé, incapable de faire des choix budgétaires réalistes au risque d’hypothéquer gravement son avenir. Emmanuel Macron, dont la crédibilité s’est érodée en Europe, soutient fermement Volodymyr Zelensky comme la corde soutient le pendu. Tout en devant ménager Donald Trump, le seul à peser réellement sur l’issue du conflit pour de mauvaises raisons. C’est que, malgré ses proclamations guerrières, le chef de l’État ne sait même pas si le budget français de la Défense, en relative augmentation, sera voté. Seule l’Allemagne se donne les moyens d’un réel réarmement. Certes, l’Europe, qui n’était même pas conviée aux négociations de Genève, a marqué quelques points. Le scandaleux plan américain avalisant toutes les demandes russes a été ramené de 28 à 19 points. Les dirigeants européens comme le président ukrainien ont eu la sagesse de ne pas s’opposer frontalement au chef de la Maison Blanche. Et on ne peut les soupçonner d’assurer leur survie politique par une escalade guerrière. Mais la question brutalement posée par le général Mandon est de savoir comment fortifier l’esprit de défense dans un pays qui traverse d’abord une guerre civile larvée. Sans être directement menacé par l’étranger, d’autant qu’il est protégé par sa force de dissuasion. En revanche les provocations récurrentes de la Russie à l’égard des pays de l’Otan doivent être fermement contrées, comme naguère par le déploiement des euromissiles face à l’URSS durant la Guerre froide. Mais Poutine veut-il vraiment faire la paix, même à ses conditions ? Son jusqu’au-boutisme pourrait être le meilleur atout des Européens livrés à eux-mêmes.