Après l’abandon de son transfert à Notre-Dame-des-Landes, la situation de la plateforme aéroportuaire nantaise reste compliquée. La juridiction a rendu ses observations sur cet épineux sujet.
C’est un dossier chronophage : en Loire-Atlantique, la situation de l’aéroport de Nantes patine. En 1974, un projet de transfert à Notre-Dame-des-Landes a été amorcé pour faire face à l’accroissement prévisible du trafic. En 2018, cette délocalisation a été rejetée par le gouvernement, après de vives contestations. Sept ans plus tard, «l’exploitation de l’aéroport de Nantes-Atlantique reste délicate», écrit la Cour des comptes dans un rapport publié samedi, dédié aux conséquences de l’abandon du déménagement.
Faibles capacités de stockage de carburant, stationnement sauvage autour de l’aéroport lors des pics d’activité, exiguïté des terminaux… Cette exploitation «se caractérise en effet par des contraintes particulières liées à l’inadaptation de l’outil à un trafic qui a retrouvé en 2024 les niveaux de 2019». Avec 7 millions de passagers l’an passé, la nécessité d’une modernisation se fait sentir. Des «travaux d’urgence» ont été entamés pour améliorer la situation. Mais les yeux sont surtout tournés vers l’arrivée d’un nouveau concessionnaire. Initialement attendue pour 2021, cette désignation passant par un appel d’offres est finalement prévue pour fin 2026.
Trois recommandations
C’est donc à un an de cette échéance que la Cour a rendu ses observations. Entre nuisances pour les riverains et développement économique, l’équilibre n’est pas simple. Dans une analyse d’une centaine de pages, les magistrats retracent les différents rebondissements survenus au cours des dernières années. Et formulent trois recommandations. Dans la première, ils suggèrent de «procéder à un bilan de l’exécution du couvre-feu». En effet, les revendications des élus et des riverains confrontés aux nuisances du trafic ont conduit à la mise en place de mesures compensatoires.
En avril 2022, un couvre-feu entre minuit et six heures a ainsi été adopté, interdisant aux avions de décoller ou atterrir pendant ces horaires sous certaines conditions. Si ce dispositif a été ajusté dans le temps et que le nombre de vols nocturnes a baissé, «son application reste perfectible, ce qui entraîne un nombre toujours important de vols de nuit et des appels à des restrictions supplémentaires.» L’extension du couvre-feu est régulièrement remise sur le tapis par les élus locaux.
La deuxième piste énoncée par les sages de la rue Cambon consiste à «mettre à disposition du public un bilan de l’impact des mesures compensatoires sur la trajectoire de réduction des nuisances sonores telle que définie par le PPBE et les cartes stratégiques du bruit». Un nouveau plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) pour la période 2025-2029, dont devra tenir compte le futur concessionnaire, vient d’être adopté. Visant à prévenir des nuisances sonores, ce document reste peu accessible. «Dans l’ensemble, les mesures de protection de la population sont nombreuses et parfois peu lisibles. D’un document stratégique à l’autre, d’une publication à l’autre, les résultats ne sont pas harmonisés et permettent difficilement aux riverains de connaître en temps réel la situation des nuisances et d’évaluer la crédibilité des objectifs annoncés dans le plan de prévention des bruits et les cartes stratégiques de bruit», est-il détaillé.
Enfin, le troisième axe soulevé par la Cour des comptes concerne les 1425 hectares de parcelles acquises par l’État pour le projet de départ à Notre-Dame-des-Landes. La grande majorité de ces terrains a été rétrocédée au conseil départemental, avec un objectif de régularisation de la situation des occupants sur place et la mise en place d’un projet agricole et environnemental. «Il convient de veiller à mieux assurer la compatibilité des usages autorisés avec les caractéristiques agronomiques et environnementales du territoire», avertit la Cour. Elle termine aussi en recommandant de «contrôler effectivement le respect des clauses environnementales contenues dans les baux ruraux conclus avec les exploitants agricoles».