L’opération, fruit d’une coopération entre le CHU de Bordeaux et le Xiamen Cardiovascular Hospital de l’Université de Xiamen, marque un tournant majeur : elle démontre qu’une expertise médicale de pointe peut désormais être mobilisée au-delà des frontières, sans que les patients aient à se déplacer.
Une intervention transcontinentale réalisée en 3 temps
Le patient se trouvait au bloc opératoire de Xiamen, tandis que l’équipe française pilotait la procédure depuis l’hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, à Pessac. Sous la direction du Pr Thomas Modine, chirurgien cardiaque, et du Dr Lionel Leroux, cardiologue interventionnel, l’équipe bordelaise a implanté un MitraClip, dispositif destiné à traiter une fuite mitrale sévère.
La procédure s’est déroulée en trois phases :
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Phase 1 (Chine) : abord fémoral et ponction transseptale.
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Phase 2 (France) : prise de contrôle du robot grâce à une console dédiée, permettant la navigation et le positionnement précis du clip.
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Phase 3 (Chine) : largage du clip et retrait du dispositif.
« C’est très étonnant de voir ses propres mouvements reproduits instantanément à des milliers de kilomètres avec autant de précision… », confie le Dr Leroux. En dix minutes de navigation robotique, la fuite mitrale a pu être éliminée. Le patient est rentré chez lui quelques jours plus tard.
Une prouesse technologique franco-chinoise
Ce succès repose sur des années de collaboration et des outils technologiques de pointe. La société chinoise Robogenix, fondée par le Professeur Wang Yan, a développé le robot télépiloté et sa console. La société française Medinbox a assuré la transmission sécurisée des images et des données entre les deux continents.
« Cette première mondiale prouve qu’une intervention cardiaque complexe peut être réalisée à distance avec une précision équivalente à celle d’une procédure locale », affirme le Pr Modine.
Vers une nouvelle ère de cardiologie connectée
Au-delà de l’exploit, cette intervention ouvre une voie nouvelle pour les soins cardiaques : celle d’une expertise médicale accessible à distance, au bénéfice des centres isolés ou à ressources limitées. « Notre objectif est de réduire les inégalités d’accès aux soins cardiaques dans le monde », rappelle le Professeur Wang Yan.
Les équipes prévoient déjà de renouveler l’expérience entre Bordeaux et Xiamen, et d’étendre cette coopération à d’autres pays, dont les États-Unis et plusieurs centres européens. Une étude internationale est en cours de préparation pour structurer cette avancée majeure.
Chu Haut Leveque