Depuis l’autoroute A50 en direction du centre-ville de Marseille, l’enseigne ne passe pas inaperçue. Située à quelques centaines de mètres du Pomge, la salle « Chic & Kickboxing » cultive pourtant une ambiance feutrée une fois que l’on a poussé la porte. Et c’est en petit comité, à quatre au maximum, que l’on s’y entraîne. Le maître des lieux, Jérémy Sportouch a connu une riche carrière. Pourtant, de son passé de champion de France, d’Europe et du monde, il ne subsiste ici que peu de reliques. Trois trophées à peine, dont deux ceintures, sont discrètement posés sur une étagère, derrière le comptoir d’accueil. « Ça, c’est ma dernière ceinture », confie-t-il sans s’appesantir. Sa carrière au centre du ring est derrière lui. Mais l’heure de la retraite est loin d’avoir sonné. « J’étais pompier sécurité incendie et l’idée est venue du fait que j’avais envie de vivre de mon sport, glisse-t-il. Mon association, la JSKB, qui marche très bien, ne me permettait pas d’être salarié. J’ai alors entrepris les démarches pour créer ma société. Et le concept de la salle est né lors d’une visite du Temple Noble Art, à Paris. Comme il n’y avait pas de salle similaire à Marseille, je me suis dit pourquoi ne pas me lancer ? »

Jérémy Sportouch investit alors d’anciens bureaux et y établit sa salle. « On a fait tomber plusieurs cloisons mais on a dû garder des piliers qui nous ont gênés pour installer le ring, détaille-t-il. On en a mis donc un, plus petit, sur mesures. Ici, on ne peut pas s’échapper. »

Si les salles de boxe offrent le plus souvent un confort rudimentaire et baignent dans une atmosphère olfactive pas toujours très agréable, celle-ci tranche radicalement et dispose même d’une salle de massage. Une ambiance cocooning qui pourrait paraître contradictoire avec la notion même de sport de combat. « Ici on souffre, mais dans le luxe, balaie-t-il. En fait, ce que j’ai voulu faire ici, c’est que la personne qui entre, même si elle n’aime pas la boxe ou les sports de combat, ait envie de s’y mettre. J’ai voulu cultiver ce petit côté à l’américaine. Moi, je n’ai pas souffert des conditions d’entraînement parfois difficiles. Ça m’a endurci. Ma fierté aujourd’hui, c’est de me dire quand je me lève le matin que je continue de vivre de ma passion. »

« Un jour, je devrais arrêter et ce sera dur »

Une passion dévorante, qui le guide depuis son plus jeune âge. « J’ai arrêté la compétition, mais j’ai toujours un pied dedans, souligne-t-il. Parfois, mon père passe me voir à la salle et me dit d’arrêter de boxer. Même si je ne dispute plus de compétition, je mets les gants régulièrement. à part un nez cassé et les traditionnelles blessures aux arcades et aux yeux, j’ai eu la chance n’avoir jamais été blessé sérieusement. Aujourd’hui, je ne tiens plus à genoux, j’ai parfois les jambes qui lâchent. Un jour ou l’autre, je devrais complètement arrêter et, là, ce sera dur. » En attendant, Jérémy Sportouch continue de vivre son rêve dans les meilleures conditions.