ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, répond aux questions des journalistes à la Maison Blanche à Washington, DC, le 1er décembre 2025.
Une frappe « légale ». La Maison Blanche s’est défendue et a semblé vouloir protéger son ministre de la Défense Pete Hegseth, ce lundi 1er décembre. Ce dernier est au cœur d’une polémique croissante aux États-Unis après une frappe mortelle visant un bateau suspecté de narcotrafic au large du Venezuela.
Le Washington Post a révélé le 28 novembre qu’au cours d’une opération le 2 septembre, une première frappe américaine de missile avait détruit un bateau soupçonné de trafic de drogue et laissé deux survivants s’accrochant à une épave. Le chef du Commandement des opérations spéciales aurait ensuite ordonné une seconde frappe pour tuer les deux survivants afin de se conformer aux ordres de Pete Hegseth. « L’ordre était de tuer tout le monde », a déclaré l’une des sources du Washington Post.
La présidence américaine a confirmé lundi qu’une deuxième frappe menée en septembre avait tué des civils blessés après l’échec de la première tentative, mais a imputé cette frappe à un amiral.
« Légitime défense »
L’amiral Frank Bradley, à la tête du commandement des opérations spéciales des forces armées américaines, a ordonné cette frappe, a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. L’amiral « était pleinement dans son bon droit » pour prendre cette décision, a-t-elle ajouté.
Avant de poursuivre : « La frappe menée le 2 septembre a été effectuée en légitime défense afin de protéger les Américains dans l’intérêt vital des États-Unis. La frappe a été menée dans les eaux internationales et conformément au droit des conflits armés. »
« Le président (Donald Trump ndlr) a clairement indiqué que si des narco-terroristes se livraient à nouveau au trafic de drogues illégales vers les États-Unis, il avait le pouvoir de les tuer. C’est ce que fait cette administration », a martelé Karoline Leavitt, d’après des propos rapportés par Politico.
Donald Trump défend son ministre
Pourtant, auprès du Washington Post, un ex-avocat militaire a expliqué qu’un ordre de tuer des membres d’équipages, s’ils ne sont plus en mesure de se battre, « constituerait un crime de guerre ». Et plusieurs autres experts du droit de la guerre interrogés par le prestigieux journal ont insisté sur le fait qu’il n’y avait pas de menace imminente d’attaque contre les États-Unis et que rien ne justifiait donc cet ordre létal.
Dimanche, Donald Trump a déclaré vouloir vérifier les informations du Washington Post, disant qu’il n’aurait « pas voulu » une seconde frappe. À bord d’Air Force One, le président américain a cependant défendu son ministre : « Il dit qu’il n’a pas dit ça et je le crois ». Pete Hegseth avait, lui, réagi en dénonçant de « fausses informations » (fake news).
L’armée américaine a conduit depuis septembre une série de frappes contre des embarcations en mer des Caraïbes en particulier, au nom de la lutte contre le trafic des stupéfiants. Le ministère américain de la Justice affirme que ces opérations sont légales, mais le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dit relever de « solides indices » d’exécutions « extrajudiciaires ».