Par
Rédaction Lyon
Publié le
2 déc. 2025 à 11h09
Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné jeudi 27 novembre 2025 un couple qui « vivait grand train » en se servant directement dans les comptes des sociétés qu’il exploitait.
L’alerte avait été lancée par un ancien salarié du garage SL Automotion, à Limonest : il accusait les patrons, Stéphane et Laeticia X., d’acheter des pièces frauduleuses pour réparer les véhicules mais aussi de détenir une arme. Si la première allégation s’est révélée fausse, un « pistolet à billes » avait bel et bien été retrouvé dans la réserve du garage. Des marchandises contrefaites de marques de luxe – Dior, Chanel, Gucci, Hermès ou encore Céline – avaient également été saisies à leur domicile.
350 000 euros de « dépenses suspectes »
L’examen des comptes des différentes sociétés du couple avait surtout mis en lumière une gestion « contraire à l’intérêt de la société », a-t-il été dit à l’audience.
À partir de 2013, cet homme et cette femme âgés de 39 ans avaient en fait successivement créé un garage spécialisé dans la réparation des pare-brises à Limonest, un salon de coiffure – Laeti’s Beauty à Tassin-la-Demi-Lune – puis un second garage Premium Pare-Brise à Limonest et enfin Automotion Carrosserie à Dardilly.
Il faut dire que Laeticia X. était « passionnée de voitures depuis toute petite ». Mais les enquêteurs avaient relevé près de 350.000 € de « dépenses suspectes » sur les comptes de leurs sociétés successives : des retraits d’espèces, des « dépenses à caractère personnel » ou encore des virements entre les sociétés semblaient sans lien avec leurs activités.
Stéphane et Laeticia X. avaient donc été renvoyés en correctionnelle ce jeudi 27 novembre 2025 pour « abus de biens sociaux » et « détention de marchandises contrefaites ».
Le patron prenait ses salaires en espèces
Certains « retraits en espèces » s’expliquaient par des paiements en liquide à des « transporteurs allemands », s’est justifié le patron, mais sans apporter de justificatifs car « cela remonte à plus de dix ans ». Cela ne concerne que « 10.000 € » des « 41.000 € » de retraits inexpliqués pour sa première société, minimise-t-il par ailleurs.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
Pour le second garage, les inspecteurs s’étaient étonnés d’importantes dépenses « chez Darty » ou « Leclerc ». Laeticia X. a cette fois-ci expliqué ces achats pour le compte de la société par le fait qu’elle faisait une « offre promotionnelle » pour ses clients. « On offrait une télévision ou une Switch pour chaque changement de pare-brise », se rappelle-t-elle.
Achats chez Louis Vuitton, bijoux, appartements de luxe…
Mais « vous n’avez pas fait d’étude de rentabilité », s’est étonnée la présidente du tribunal correctionnel de Lyon. Quant aux « virements entre les sociétés », le couple assure qu’il ignorait qu’il fallait une « convention de prêt » pour le formaliser. Le patron prenait aussi ses « salaires en espèces », assure-t-il, même s’il n’a pas pu produire de bulletins de salaires.
Pour le reste, ils le reconnaissent : ce sont des dépenses personnelles. Des « loyers », des « restaurants », des achats chez « Louis Vuitton à Courchevel », des « locations d’appartement à Dubaï ou en Israël », des « bijoux » ou encore des « manucures » ont ainsi été réglés avec les comptes de la société.
« Vous vivez grand train sur le dos de vos sociétés »
Depuis, plusieurs des entreprises ont été placées « en liquidation judiciaire ». « Vous vivez grand train sur le dos de vos sociétés », a donc résumé la présidente du tribunal correctionnel de Lyon au vu des « dépenses somptuaires » faites par le couple.
Mais si les époux reconnaissent avoir eu une « gestion désordonnée », ils démentent toute « intention de nuire à la société ». « J’ai confondu entre mon compte et celui de la société », estime Stéphane X. « C’était ma première entreprise, je pensais bien faire. »
Quant aux marchandises saisies – principalement des vêtements et accessoires de mode – certains étaient « des cadeaux ». D’ailleurs, les marques elles-mêmes avaient estimé que seulement une partie était de la contrefaçon, les autres étant « vraies ».
L’arme, enfin, ne leur appartient pas : elle aurait été « mise là par le salarié qui (les) a dénoncés », assurent-ils.
Des erreurs qui se « se sont reproduites sur dix ans »
« Une petite partie des dépenses sont justifiées, mais tout le reste relève de l’abus de biens sociaux », a donc résumé au bout du compte le procureur de la République, et ces « erreurs du passé » – comme le défendaient les prévenus – « se sont reproduites sur dix ans ». « Lorsque l’on est dirigeant de sociétés, on a des responsabilités, on ne fait pas ce que l’on veut », a martelé le représentant du parquet.
Mais « c’est parfois difficile de concevoir que, quand on construit une société de ses mains, on ne peut pas profiter directement de cet argent », a objecté l’avocat de Stéphane X., pour qui ces « notions juridiques » sont « extrêmement abstraites » pour un homme qui a « arrêté sa scolarité en 4e ».
Stéphane et Laeticia X. ont au final été condamnés à deux ans de prison avec sursis. Ils devront, en outre, payer 30.000 € d’amendes et ont désormais interdiction de gérer toute société pendant cinq ans.
MJ et GF (PressPepper)
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.