La droite et l’extrême droite montent au créneau face à cette idée d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État a avancé mercredi à Arras sa volonté de « tout faire pour que soit mis en place un label » professionnel destiné aux réseaux sociaux et sites d’information, afin de souligner qu’ils sont dignes de confiance et lutter contre la désinformation.

Mardi à l’issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement a assuré qu’il n’avait jamais été question de la création d’un « label d’État » ni de « ministère de la Vérité ». Emmanuel Macron avait en effet souligné que ce label devrait être porté par les médias eux-mêmes car « ce n’est pas au gouvernement de dire ceci est une information, ceci n’en est pas ». Mais trop tard, les critiques pleuvent déjà.

Entre « dérive inquiétante » et « maîtrise de l’information »

« C’est une dérive inquiétante (…) La France n’a pas besoin d’un ministère de la Vérité », a réagi le patron des Républicains Bruno Retailleau sur X ce lundi. Son parti lance désormais une pétition en ligne intitulée « Médias : oui à la liberté, non à la labellisation ! ».

Dans ce texte, le parti accuse l’initiative présidentielle de masquer « une offensive contre les médias qui déplaît à la doxa progressiste ». LR y dénonce la tentation d’une « vérité officielle » et affirme qu’Emmanuel Macron « n’a reçu aucun mandat » pour distinguer « les bons et les mauvais médias. Sa fonction de chef de l’État ne l’autorise pas à se comporter comme un censeur en chef ».

Sur le plateau de BFMTV/RMC ce mardi, Marine Le Pen a quant à elle fustigé une idée « extrêmement dangereuse » et a vu dans ces déclarations une volonté du chef de l’État « de maîtriser l’information ».

À Arras, le président de la République avait détaillé sa position : « on doit distinguer les réseaux et les sites qui font de l’argent avec de la pub personnalisée et les réseaux et les sites d’information », et donc « on va tout faire pour que soit mis en place un label ». Il a cité une initiative en ce sens lancée par l’ONG Reporters sans frontières avec d’autres partenaires (la Journalism Trust Initiative, JTI) et souligné que les États généraux de l’information « ont consolidé » en 2024 cette proposition.

« La tentation d’Emmanuel Macron de toucher à la liberté d’expression est une tentation autoritaire, qui correspond à la solitude d’un homme (…)qui a perdu le pouvoir et cherche à le maintenir par le contrôle de l’information », avait déjà réagi sur CNews le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella.

L’Arcom « ne devrait surveiller que le service public »

Face aux critiques de la droite et de l’extrême droite, l’Élysée s’est fendu lundi soir d’un message sur X pour déplorer que « parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation » en référence à un éditorial de l’animateur vedette de CNews Pascal Praud qui avait dénoncé « la tentation autoritaire du président ».

Ce message sur X a lui même été vilipendé par Jordan Bardella (RN), Bruno Retailleau (LR), David Lisnard (LR) ou Éric Ciotti (UDR). « Une vidéo indigne » selon Marine Le Pen sur BFMTV. Par ailleurs, la cheffe des députés RN considère que le gendarme de l’audiovisuel, l’Arcom, « ne devrait surveiller que le service public ».

« Il y a des télévisions privées aussi qui ne sont pas neutres », a-t-elle reconnu, dans une allusion à CNews (propriété du groupe Bolloré) mais elle a estimé qu’une télévision privée avait « parfaitement le droit de ne pas être neutre ».

Depuis plusieurs mois, la galaxie de la droite radicale et de l’extrême droite mène une campagne, dans les médias conservateurs ou par une commission d’enquête à l’Assemblée, contre le service public qui serait, selon eux, favorable à la gauche. « Il y a un problème évident de neutralité du service public », a répété ce mardi matin Marine Le Pen qui souhaite sa « privatisation ».