Jeudi 27 novembre se tenait la 5ème édition des Rencontres pénales stéphanoises, co-organisées par le barreau de Saint-Etienne et la faculté de droit. Cette année encore, de nombreux professionnels du droit et étudiants s’étaient déplacés pour un éclairage sur la thématique de « La lutte contre le trafic de stupéfiants ». Un sujet plus que jamais dans l’actualité.
Jeudi 27 novembre se tenait la 5ème édition des Rencontres pénales stéphanoises. ©JT/ If Saint-Etienne
« On ne pouvait pas mieux faire l’actualité, a déclaré en préambule Me Philippe Cizeron, avocat au barreau de Saint-Etienne, chargé de la présentation et de la modération de la première table ronde. C’est peut-être la loi de l’année en matière pénale, puis il y a récemment eu l’assassinat de Mehdi Kessaci, et une permission de sortie d’un détenu narcotrafiquant de Vendin-le-Vieil qui a beaucoup fait parler ».
Jeudi 27 novembre, à la faculté de droit de Saint-Etienne, se tenait la 5ème édition des Rencontres pénales, co-organisées avec le barreau stéphanois. Cette année, les débats étaient concentrés autour de la lutte contre le trafic de stupéfiants et l’amphithéâtre a fait le plein d’étudiants et de professionnels du droit, sur ce sujet terriblement d’actualité.
Ma petite entreprise…
« C’est un phénomène complexe avec des niveaux et degrés d’organisation très différents les uns des autres, a indiqué Thomas Bujon, maître de conférences en sociologie à l’Université Jean Monnet. En France, le chiffre d’affaires du trafic de stupéfiants représente sept milliards d’euros selon le rapport de l’Ofast (l’Office antistupéfiants, Ndlr) ». Et au fil des décennies, le business de la drogue s’est professionnalisé, avec d’abord le fameux « Ubershit » qui livre à domicile, mais aussi des graphistes, des chargés de marketing, des vendeurs, des fournisseurs, etc.
« Le deal fonctionne de la même manière qu’une PME ». Ainsi, les réseaux ont non seulement fini par se démultiplier, mais aussi par intégrer les sphères légales et s’immiscer sur l’ensemble des territoires, y compris dans les petites villes et en milieu rural. « Si on ne cesse de parler de menace pour la société, le narcobanditisme n’offre plus seulement d’opportunités aux exclus du monde aujourd’hui ».
Une nouvelle loi
Pour Elise Letouzey, maîtresse de conférences à la faculté de droit de Saint-Etienne, « L’Etat est en train de perdre cette guerre ». C’est dans l’espoir de renforcer les dispositions générales et de repenser la lutte contre un système criminel organisé, que la loi contre le narcotrafic, a été promulguée en juin 2025.Elle prévoir la création d’un parquet spécialisé, un renforcement de la lutte contre le blanchiment d’argent, une réforme du statut des repentis, l’exclusion de la règle de non-cumul des peines dans certains cas, ou encore une répression accrue du recrutement de mineurs.
Mais l’ampleur de la tâche est colossale. « On peut regretter que cette incrimination ne permette pas d’atteindre le haut du spectre et de se retrouver avec encore plus de petites mains au sein des tribunaux », a pointé Djoheur Zerouki, maîtresse de conférences HDR à l’université Jean Monnet. Les rencontres se sont poursuivies avec un second temps consacré aux techniques d’enquêtes au prisme de la loi narcotrafic, puis achevées par un échange avec la salle.